Dans un nouveau rapport publié le 27 février 2020, intitulé “les Prêts adossés à des ressources naturelles: pièges et potentiel”, le Natural resource governance institute (NRGI) révèle que ces «prêts entourés de secret» ont contribué à des niveaux d’endettement accablants en Afrique.
Par définition, «un prêt adossé à des ressources naturelles est un mécanisme par lequel un pays peut accéder à des fonds en échange de flux futurs de revenus provenant de ses ressources naturelles, comme le pétrole ou les minéraux, ou en échange de garanties de remboursement constituées par ces ressources».
Dans ce rapport, des chercheurs de NRGI ont examiné 52 prêts adossés à des ressources naturelles consentis entre 2004 et 2018, d’un total de plus de 164 milliards USD. 30 d’entre eux (d’une valeur combinée de 66 milliards) ayant été consentis à des pays d’Afrique subsaharienne dont 53 % du montant emprunté provenaient de deux banques publiques chinoises: China development bank (CDB) et China Eximbank.
L’accord Sino-guinéen
Parmi les pays d’Afrique subsaharienne concernés, il y a la Guinée qui a conclu en 2017, un prêt de 20 milliards de dollars US adossé à la baudite (près de 200 % du PIB du pays) pour financer la construction des Infrastructures multisectorielles, incluant la route Coyah-Dabola, le réseau routier, l’assainissement et un bâtiment universitaire.
En contrepartie, le Consortium de sociétés chinoises: China Henan International Cooperation Group, Chalco, China Power Investment Corp ont obtenu des permis et des conventions d’exploitation minière.
corruption et mauvaise gouvernance
«La production de bauxite destinée à rembourser le prêt a déjà commencé, mais peu d’informations sont accessibles au public concernant les modalités d’un financement aussi énorme et la façon dont le pays le remboursera», a révélé le rapport tout en déplorant les risques environnementaux liés à la production de bauxite.
«Les dirigeants africains ont souvent contracté ces prêts pour contribuer à leurs propres ambitions politiques à court terme, leurs pays se retrouvant par voie de conséquence lourdement endettés et confrontés au risque de perdre des garanties valant plus que la valeur du prêt lui-même», a déclaré Evelyne Tsague, codirectrice Afrique de NRGI.
«Ils doivent éviter des accords aussi risqués, généralement négociés par des entreprises publiques mal gérées qui contournent souvent les parlements et les budgets nationaux», a-t-elle ajouté.