Cette année, la célébration de la fête de l’indépendance guinéenne intervient dans un contexte particulier, marqué par l’implication des cadres de l’administration, mobilisés pour battre campagne en faveur du général Mamadi Doumbouya.
Les Guinéens commémorent cette fête, qui symbolise l’accession du pays à l’indépendance en 1958, alors que la Guinée traverse une transition militaire ouverte le 5 septembre 2021 sous l’égide du CNRD.
Bien que cette transition ait tenu plusieurs de ses promesses en matière de réformes institutionnelles et de lutte contre la corruption — devenue un pilier central de la gouvernance actuelle — elle semble progressivement s’éloigner de ses objectifs initiaux.
La fête nationale pourrait ainsi se transformer en une campagne électorale destinée à renforcer la popularité du général Mamadi Doumbouya.
À Conakry comme à l’intérieur du pays, les cadres de l’administration, ministres, directeurs généraux et autres se mobilisent derrière des mouvements de soutien aux actions du CNRD. Dans toutes les régions du pays, des infrastructures lancées par les militaires sont en cours d’inauguration à l’occasion du passage des émissaires du régime. Ces derniers renouent avec la population à travers des événements comme des tournois de football, dotés du trophée Général Mamadi Doumbouya, pour illustrer l’adhésion des Guinéens à ses idéaux.
Ce qui frappe particulièrement, ce sont les discours tenus par certains cadres, appelant implicitement à soutenir une éventuelle candidature du président de la transition lors de la prochaine élection présidentielle.
Cette situation rappelle les moments forts de la campagne pour le troisième mandat d’Alpha Condé en 2020. À l’époque, les départements ministériels s’étaient vidés de leurs cadres, chacun étant sommé de retourner dans sa région pour battre campagne en faveur du locataire du palais Sékhoutouréya.
Cette dynamique pourrait avoir des conséquences significatives, d’autant plus que cet élan de soutien pourrait amener le général Mamadi Doumbouya à se positionner en faveur d’une candidature aux prochaines élections. Déjà, des voix influentes dans son entourage l’encouragent à franchir ce pas, affirmant qu’il est l’homme providentiel capable de conduire le pays vers un développement durable.
Le général Mamadi Doumbouya cédera-t-il à la pression de son entourage et de ses partisans pour se présenter à l’élection présidentielle ? Respectera-t-il ses engagements en organisant des élections libres et en rendant le pouvoir aux civils à la fin de la transition ? Pour l’heure, l’incertitude demeure.