La première édition du Forum ouest-africain des femmes handicapées a été officiellement lancée ce mercredi 17 décembre 2025 à Conakry. Initiée par le Réseau ouest-africain des femmes handicapées (ROFAH), cette rencontre de deux jours réunit des représentantes d’organisations venues de plusieurs pays de la sous-région, notamment le Burkina Faso, le Niger et le Mali.
Dans son discours de bienvenue, la présidente du ROFAH, Hadjiratou Bah, a indiqué que ce forum se veut un cadre d’échanges, de partage d’expériences et de renforcement des capacités des femmes en situation de handicap. Selon elle, les travaux porteront notamment sur le leadership féminin, la sensibilisation aux violences basées sur le genre et les stratégies visant à renforcer la solidarité et le pouvoir d’action des femmes handicapées en Afrique de l’Ouest. « Nos discussions porteront également sur les stratégies à mettre en place pour renforcer la synergie, la solidarité et le pouvoir d’action des femmes handicapées en Afrique de l’Ouest », a-t-elle souligné, rappelant que malgré l’existence de cadres juridiques et les efforts des gouvernements, les personnes handicapées restent confrontées à de fortes discriminations.
Ces inégalités, a-t-elle précisé, se traduisent par un accès limité aux services sociaux de base tels que la santé, l’éducation et la protection sociale. Hadjiratou Bah a également annoncé la présentation, au cours du forum, d’un document de plaidoyer sous-régional élaboré à partir des plaidoyers nationaux. Elle a rappelé que les personnes handicapées représentent au moins 1,5 % de la population en Guinée, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et au Niger. « Conscientes de cette réalité, huit associations de femmes handicapées de ces pays ont décidé, en septembre 2023, d’unir leurs forces », donnant ainsi naissance au ROFAH, a-t-elle expliqué.
Représentant la ministre de l’Action sociale, Charlotte Daffé, le secrétaire général du ministère, Yassy Roger, a mis en avant les efforts consentis par l’État guinéen en matière d’inclusion. « Actuellement, nous avons un conseiller chargé des questions de handicap, qui est une femme handicapée », a-t-il déclaré, insistant sur le fait que l’inclusivité est au cœur même de la Constitution. « Cette vision vise à ne laisser personne de côté et à permettre aux personnes handicapées d’occuper des positions leur permettant de s’exprimer librement aussi bien dans l’administration que dans le secteur privé », a-t-il ajouté. Il a salué l’initiative du ROFAH, estimant que ce regroupement régional s’inscrit pleinement dans cette dynamique.
De son côté, la présidente de l’Association nigérienne des femmes handicapées, Kadiatou Moumouni, a qualifié la tenue de ce forum de très grande victoire. « Nous avons mis cette initiative en place depuis septembre 2023. C’est vraiment une fierté, une grande réussite », a-t-elle affirmé.
Elle a exprimé l’espoir que les plaidoyers issus des travaux soient entendus à l’échelle régionale et nationale et déclinent leurs ambitions. « Notre ambition, c’est de participer pleinement à toutes les instances de prise de décision et que nos droits soient vraiment respectés », a-t-elle insisté.
Évoquant les réalités quotidiennes, Kadiatou Moumouni a rappelé que les femmes handicapées font face à une double discrimination. « C’est compliqué d’être femme, à plus forte raison handicapée, nous sommes doublement discriminées », a-t-elle déclaré.
À travers ce forum, les organisatrices espèrent jeter les bases d’un cadre de concertation durable entre les femmes handicapées de la sous-région et favoriser la mise en place d’alliances stratégiques pérennes.


