L’ancien Premier ministre Kabinet Komara était l’invité de RFI ce mercredi 19 novembre 2025. Au micro de la radio internationale, il s’est longuement exprimé sur l’avenir du projet minier Simandou et les enjeux environnementaux qu’il soulève.
D’emblée, l’auteur de Notre biodiversité en danger a rappelé que la Guinée possède près de 40 % des réserves mondiales de bauxite. Une richesse exploitée principalement à ciel ouvert, avec des conséquences lourdes sur l’environnement.
« On décape le sol, on racle les couches arables, puis on procède à des explosions pour désagréger le minerai. Cela entraîne un déboisement massif, la dispersion de poussières nocives et la dégradation des cours d’eau, compromettant l’accès des populations à des zones agricoles », explique-t-il.
Il salue néanmoins l’annulation récente de plusieurs permis miniers jugés non conformes, estimant qu’il s’agit d’un « signe positif ».
À propos du méga-projet Simandou, Kabinet Komara estime que les erreurs du passé ont servi de leçon.
« L’ambition est que ce projet soit mené de manière exemplaire. Je ne crois pas qu’un projet minier ait été étudié avec autant de rigueur environnementale », affirme-t-il.
Le chantier comprend notamment 650 km de chemin de fer traversant les quatre régions naturelles du pays pour relier les mines de la Guinée forestière à un port à Moribaya. Un tracé dont l’impact potentiel sur la biodiversité est « immense », d’où, selon lui, la nécessité des nombreuses études d’impact réalisées et de la création d’un comité chargé du suivi strict des engagements environnementaux.
Interrogé sur la capacité de l’État à transformer les richesses du sous-sol en moteur de développement tout en limitant les dégâts collatéraux, l’ancien chef du gouvernement se veut rassurant :
« Toutes les communautés concernées ont été consultées, et des comités de vigilance ont été mis en place. La présence d’ONG exigeantes est une bonne chose, car chaque village, chaque commune veille à ce que ses intérêts soient pris en compte. »
Il reconnaît cependant que l’exploitation de Simandou entraînera inévitablement des zones dégradées. Mais, dit-il, un investissement minier responsable prévoit « la recherche, les études, l’exploitation, l’entretien, puis la restitution des sites à leur état naturel ».
Il annonce la création d’une banque de semences destinée à répertorier et préserver les espèces végétales locales ainsi qu’un partenariat avec le Kew Garden au Royaume-Uni. Selon lui, Rio Tinto et les entreprises chinoises se sont engagées à appliquer les mêmes normes environnementales, un « acquis majeur » pour la Guinée.
Sur la non-publication de la convention minière signée entre l’État guinéen, Rio Tinto et le consortium chinois WCS, Kabinet Komara reconnaît un manque de transparence mais assure qu’une évolution est en cours.
« Le FMI et la Banque mondiale ont déjà reçu les documents nécessaires, ce qui a permis d’avancer. Mais pour l’instant, la convention n’est pas publique. Cela devrait changer : à mesure que les négociations progresseront, notamment sur la transformation du minerai en Guinée, de nouvelles dispositions devraient imposer sa publication », souligne-t-il.
Il rappelle qu’une étude sur la création d’unités de transformation est prévue d’ici cinq ans.