À l’occasion de la célébration du 67ᵉ anniversaire de l’indépendance de la Guinée, le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Ibrahima Kalil Condé, a affirmé que toutes les dispositions matérielles sont prises pour la tenue de l’élection présidentielle prévue le 28 décembre prochain.
Depuis la place des Martyrs, le ministre a tenu à rassurer l’opinion publique : « Les moyens sont à notre disposition. On ne veut seulement pas faire du bruit, faire des commentaires. Quand les kits d’enrôlement sont arrivés à l’aéroport de Conakry, j’ai fait un communiqué pour l’annoncer. Donc, tous les moyens sont déjà mis à notre disposition pour organiser l’élection présidentielle. »
Il a également insisté sur l’existence d’un fichier électoral fiable : « Nous avons déjà un fichier électoral. C’est la première chance que les Guinéens ont eue. On n’avait pas de fichier électoral. On a 6,7 millions de citoyens enrôlés ; chacun a sa carte d’électeur. Chaque carte comporte le numéro personnel d’identification. »
Ces assurances traduisent un progrès indéniable sur le plan logistique et technique. Mais elles ne dissipent pas les inquiétudes liées au vide institutionnel. Si le matériel et les électeurs sont bien présents, l’organe chargé d’organiser légalement le scrutin reste, lui, inexistant.
Le 26 septembre dernier, le Conseil national de la transition (CNT) a adopté un nouveau Code électoral, promulgué dès le lendemain. Le texte prévoit la création de l’Organe technique indépendant de gestion des élections (Otige), composé d’un Conseil national électoral (CNE), chargé des orientations stratégiques, et d’une Direction nationale électorale (DNE), responsable de l’exécution technique des opérations. Cet organe est censé avoir des représentations dans toutes les communes rurales et urbaines.
Or, à moins de trois mois du scrutin, aucune de ces structures n’a encore vu le jour. Cette absence alimente les craintes d’un recours provisoire à la Direction générale des élections (DGE), un service administratif dépendant directement du ministère, ainsi qu’à l’Observatoire national de supervision du référendum (ONASUR).
Une telle option serait pourtant en contradiction avec l’esprit de la nouvelle Constitution, qui exige la mise en place d’un organe électoral véritablement indépendant.