Deux jours après la proclamation des résultats provisoires du référendum constitutionnel, le Bloc Libéral (BL), seul parti à avoir officiellement battu campagne pour le “Non”, a rejeté avec virulence le processus et ses conclusions. Dans un communiqué rendu public ce vendredi 26 septembre 2025, la formation dirigée par Faya Lansana Millimouno parle d’« imposture » et de « mascarade » électorale.
Le BL estime que le scrutin « n’a été ni libre, ni équitable, ni transparent » et accuse la Direction Générale des Élections (DGE) d’avoir « accompagné une falsification de la volonté du peuple guinéen ». Le parti refuse donc de reconnaître la légitimité des résultats, qui donnent une victoire écrasante du “Oui” à plus de 89 %.
Dans son communiqué, le Bloc Libéral dénonce une série d’irrégularités :
Opacité organisée : absence de données fiables et transparence volontairement écartée.
Campagne du “Non” muselée : intimidations de militants, restrictions imposées aux médias, climat de peur.
Médias transformés en instruments de propagande : couverture jugée largement déséquilibrée en faveur du camp du “Oui”.
Neutralité de l’administration bafouée : ressources publiques et agents de l’État mobilisés pour la campagne.
Fraudes systémiques : double vote, bulletins pré-remplis, achats de conscience.
Intimidations dans les bureaux de vote : représentants du “Non” exclus, électeurs empêchés de voter librement.
Absence d’observateurs crédibles : critiques contre la CEDEAO et l’OIF, accusées de parti pris.
Dépouillement clandestin : opérations menées sans présence des parties prenantes.
Le parti souligne également le caractère « statistiquement impossible » des résultats annoncés dans certaines localités, où des taux de participation de 100 % se seraient soldés par 100 % de votes en faveur du “Oui”. « De tels chiffres ne reflètent pas une adhésion massive mais la fabrication d’un résultat », martèle le BL.
Pour le Bloc Libéral, ce scrutin ne peut être considéré comme un référendum. « Il ne vise qu’à entériner par la force un projet déjà rejeté par le peuple », affirme le communiqué. Le parti appelle la justice à ne pas « valider cette imposture » et promet de rester en première ligne du combat démocratique. « La volonté populaire, aussi étouffée soit-elle, finira par triompher », conclut le texte, qui se veut un appel à la mobilisation.
Par contre, le gouvernement a salué le “Oui” massif des électeurs en faveur de la nouvelle Constitution devant baliser le retour a l’ordre constitutionnel. « Avec un taux de participation de 86,36 % et un “Oui” à 90 %, comment peut-on parler de mascarade ? », avait déclaré le Premier ministre Bah Oury Lors d’un point de presse, estimant que les contestations des résultats traduisent « un mépris profond pour la majorité du peuple guinéen ».
S’il reconnaît la nécessité de contre-pouvoirs, Bah Oury exige qu’ils reposent sur des arguments « réalistes et constructifs » : « Nous avons besoin d’opposants responsables, capables de proposer des alternatives crédibles. Mais ceux qui ne cherchent qu’à noircir le tableau n’auront plus la possibilité d’être entendus », avait souligné le chef du gouvernement.