En dépit de la mise en garde du gouvernement, certains conducteurs ont décidé d’augmenter le coût du tronçon. Cette spéculation est consécutive à l’explosion du dépôt des hydrocarbures à Kaloum ayant entraîné une pénurie du carburant dans le pays.

Il faut un parcours de combattant pour trouver une station qui sert du carburant et faire la queue pendant plusieurs heures avant de s’approvisionner. Et parfois, il faut “donner un peu” aux gérants pour pouvoir carburer.

Cette pénurie de carburant s’est répercutée de facto au niveau de la circulation. Trouver un taxi relève d’un parcours de combattant. Certains conducteurs en profitent pour couper les tronçons et où augmenter le prix du tronçon. Le phénomène est observé sur la corniche nord. Entre Lambanyi-Kipé et Lambanyi-Sonfonia, le prix du tronçon a doublé. A bord de son bombonna, Ibrahima Diakité fait la navette Sonfonia T7 et Kipé. Il justifie l’augmentation du coût de transport : « Est-ce que vous pensez que c’est notre faute ? On doit faire des heures et parfois des jours pour avoir de l’essence dans les stations et si, par malheur, nous ne trouvons pas là-bas, nous serons obligés de passer par le marché noir et c’est très cher là-bas. Nous trouvons difficilement de l’essence et tout le monde le sait donc au lieu de remettre la faute sur nous, le gouvernement devrait plutôt travailler à trouver une solution sinon ce n’est pas bien. C’est dommage, mais c’est ici que nous gagnons notre vie. D’ailleurs nous ne trouvons même pas beaucoup de passagers en ce moment, les gens sont vraiment dans une crise. »

Un autre conducteur renchérit d’un ton ferme : « Le prix du tronçon va changer et ça c’est inévitable, nous sommes tous conscients de la façon dont les chauffeurs se tracassent pour obtenir de l’essence donc ce n’est pas étonnant de voir cette augmentation. Cela fait maintenant un mois [Sic] depuis cette explosion jusqu’à présent le gouvernement n’a pas encore trouvé de solutions pour régler la situation. Nous passons des heures à souffrir dans les stations et vous voulez qu’on fasse quoi ? Ce n’est pas à nous de trouver des solutions pour ça. Cela relève de la responsabilité du gouvernement. »

Les passagers sont ceux qui paient le plus lourd tribut de cette situation qui risque de perdurer. « Je me demande où nous allons. Un tronçon à 5000 et parfois tu peux sortir, tu t’arrêtes des heures sans trouver un taxi, nous avons des enfants à nourrir et nous devons nous déplacer pour des urgences ou des situations familiales, sans carburant c’est impossible. Les conducteurs de taxi, c’est vraiment exagéré de leur part, nous sommes tous concernés par cette crise, elle affecte tout le monde, mais faire payer le double c’est tout simplement inacceptable”, fustige Makalé Soumah, commerçante et mère de trois enfants qui, par ailleurs, invite le gouvernement à jouer son rôle.

« Moi-même, actuellement, j’ai limité mes déplacements aux cas d’urgence. J’ai peur de sortir de chez moi parce que si je sors et que mon transport est fini, je serai obligée de marcher, chose qui m’est difficile à cause de mon état de santé. Le gouvernement doit agir urgemment sinon c’est vraiment compliqué », renchérit Oumou Hawa Diallo.