Poursuivi par les leaders du FNDC pour des faits présumés de “dénonciation calomnieuse, diffamation, injures publiques et abus d’autorité ”,le ministre de la justice et des droits de l’homme, Alphonse Charles Wright, a comparu ce vendredi 23 juin 2023, devant le tribunal de première instance de Dixinn. Cette comparution du patron de la justice guinéenne fait réagir les défenseurs des droits de l’homme.
C’est le cas Mamadou Kaly Diallo, interrogé par notre rédaction, cet activiste a tout d’abord salué la démarche des responsables du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui ont porté plainte contre le garde des Sceaux. A l’en croire, l’initiative de ces activistes entre dans le cadre du concours pour la construction d’un État de droits en République de Guinée.
« Que les activistes de la société civile estiment qu’ils ont été victimes d’abus d’autorité et de violation de leurs droits et qu’ils portent plainte, cette démarche est à encourager. Parce que jusqu’hier, la question qui se posait est que même si vous portez plainte la justice n’allait pas agir. Cela doit inspirer les citoyens guinéens et beaucoup d’autres pour dire que quand je suis victime, je suis dans un États de droits, la seule voie de recours c’est la justice. Espérons que cette justice sera une véritable justice impartiale et indépendante, qui respectera les principes de droits de tous les citoyens. Cela est le pivot de la paix et la stabilité de notre pays ».
Beaucoup d’observateurs ne s’attendaient pas à la comparution du ministre Charles dans le cadre de cette procédure. Mamadou Kaly Diallo se réjoui de l’attitude “républicain” du ministre. Il estime que cela révèle une parenthèse importante de la justice guinéenne.
« C’est une première qu’un ministre en fonction et de surcroît ministre de la Justice réponde devant un tribunal, il faut saluer son attitude républicaine. Je suis tenté de dire que les choses commencent à évoluer en matière de justice parce qu’hier, on a vu des plaintes qui sont portées régulièrement contre des ministres mais qui n’ont jamais répondu peut-être par mépris vis-à-vis de la loi. Mais il faut aussi saluer cette justice là qui commence à se réveiller et qui veut dire peut-être que conformément aux principes qui régissent le fonctionnement d’un État des droits, chaque citoyen est justiciable, même si à un moment donné, il faut questionner les avantages et les privilèges dont jouissent certaines personnalités dans l’exercice de leurs fonctions. Mais ce cas précis pourrait être un bon précédent en matière de la construction d’un État des droits ».