Dans un entretien exclusif avec Guinée360, Souleymane Souza Konaté, coordinateur de la communication de l’UFDG, s’exprime sur les préparatifs du référendum du 21 septembre. Il dénonce un fichier électoral biaisé et un processus référendaire taillé sur mesure, tout en critiquant le rôle passif de la HAC dans la censure des médias et l’exclusion des partis politiques.
Guinée360 : Quelle analyse faites-vous du fichier électoral présenté par le MATD?
Souza Konaté : C’est un fichier électoral taillé sur mesure dans le but de faire passer le projet de Constitution sans véritable adversaire, et, plus tard, de permettre au général Mamadi Doumbouya de confisquer le pouvoir à travers un simulacre de processus électoral contrôlé de bout en bout par la junte. Nous avons déjà énoncé les conditions sélectives, illégales et imprudentes de ce fichier électoral : répartition inéquitable des kits, amateurisme des acteurs, exclusion de figures majeures et non-recensement de la grande majorité des Guinéens. Les erreurs du passé, qui ont favorisé la prise du pouvoir par le CNRD le 5 septembre 2021, n’ont manifestement pas été comprises.
Qu’est-ce qui explique selon vous que Conakry Kankan en termes d’électeurs alors qu’en 2020, Kankan était la plus grande circonscription électorale ?
Un processus biaisé, sans normes ni respect des principes, ne peut produire que des résultats erronés, sources d’instabilité politique et d’aggravation de la crise de confiance entre les acteurs.
Les forces sociales dénoncent un processus mal préparé et exigent du CNRD l’abandon du processus. Qu’en pensez-vous ?
Les forces sociales ont raison. Quand on analyse objectivement les causes de l’autodestruction de certains pays voisins, on retrouve aujourd’hui en Guinée les mêmes germes. C’est pourquoi nous alertons et interpellons : il est urgent que ceux qui détiennent le pouvoir prennent leur responsabilité pour éviter au pays les affres d’une telle dérive. L’histoire récente nous a montré qu’un processus électoral mal préparé conduit toujours à des lendemains incertains : rejet des résultats, contestations massives et violences inouïes. La gestion solitaire de la transition, avec la volonté manifeste d’exclure les acteurs politiques majeurs, ne peut ni rassurer ni préserver la paix sociale. Les plaies du passé sont encore ouvertes et loin d’être cicatrisées. Gouverner contre le peuple, c’est semer la discorde et hypothéquer la stabilité. Il faut stopper cette machination et ouvrir la voie à un processus inclusif, seul gage de paix et de stabilité.