Dr Fodé Cissé, ancien Directeur de la Caisse nationale de prévoyance sociale et son informaticien Fodé Sirakahata Bangoura étaient de nouveau, devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), mercredi 29 juin 2022. L’audience de ce jour était axée sur les débats.
Dr Fodé Cissé est poursuivi pour des faits présumés de détournement de deniers publics. Il est accusé d’avoir détourné un montant de 1 milliard 305 millions destinés aux pensionnaires de l’État guinéen. Quant au nommé Fodé Sirakahata Bangoura, informaticien à ladite caisse, est poursuivi pour complicité.
Pour l’avocat de la défense Dr Fodé Cissé est victime d’un coup monté de toute pièce. Il explique que l’ancien directeur aurait transféré les fonds dans un compte du trésor public et non dans un compte personnel pour des fins de vérification.
«Nos clients sont innocent, c’est une cabale judiciaire qui a été montée de toute pièce contre eux. Vous avez suivi les débats le ministère public qui poursuit nos clients, a confirmé que les fonds qui sont mis en causes existe belle et bien. Or dans le jargon judiciaire quand on parle de détournement de deniers publics, ce que vous avez utilisé ces derniers à des fins autres que celles pour lesquelles les fonds étaient destinés… Malheureusement dans notre cas le ministère public reconnaît que les fonds existent. Il a au départ oublié qu’il n’y a pas du détournement, donc le montant en cause a été transféré sur un compte du trésor public à Nzérékoré. Le montant n’est logé sur un compte personnel de nos clients. C’est pour vous dire effectivement qu’il n’y a pas eu de détournement de deniers publics. Ils sont effectivement innocents», a expliqué Me Kpana Emmanuel Bamba.
Par ailleurs l’avocat indique que rien n’interdit cette opération comptable, la loi ne punit pas le fait de transférer ce montant-là à Nzérékoré. Au contraire, elle interdit d’utiliser ce montant à des fins personnelles. Dr Fodé Cissé aurait déplacé ce montant pour vérifier. À en croire son avocat, avant son arrivée à la tête de cette caisse nationale, lorsqu’on payait les pensionnaires, les gens se partageaient le reliquat, même si, ceux-ci s’absentaient pour des raisons de maladies ou parce qu’ils sont en déplacement.
«Fodé Cissé s’est dit que cette fois-ci, au lieu de se partager, il faut cantonner ce montant quelque part et lorsque les bénéficiaires vont venir justifier leurs absences, nous serons obligés de les payer leurs dû. Maintenant, s’il n’y a pas de réclamation évidemment, le montant peut rester là-bas. Ils ont un terme qu’on appelle la compensation, par exemple si on devait envoyer à N’Nzérékoré 2 milliards à la fin de ce mois, alors qu’il y a déjà un milliard avec l’agence, qui n’est pas utilisé, on ne pourra s’envoyer qu’un milliards, pour compléter à 2 milliards. Ces systèmes de compensation existent dans les écritures comptables. Encore une fois, il n’y a pas eu de détournement. Ils ont seulement monté ce dossier pour l’évincer», a déclaré l’avocat.
La partie civile à son tour, a annoncé avoir relevé plusieurs problèmes budgétaires dans le pays et en particulier dans ce dossier. Justin Tambada Tolno a noté des incohérences au niveau de la délocalisation de ces fonds, au niveau du service informatique et d’autres au niveau des 29 agences de la caisse nationale de prévoyance sociale dans le pays : «Il y a de sérieux problèmes qu’il va falloir dénicher dans l’intérêt du pays. Ce sont des milliards qui sont payés et qui partent dans les poches des hauts cadres de ce pays.»
L’avocat de l’État guinéen dans ce dossier a ajouté enfin qu’il y a une complicité entre les deux Fodé. Chacun des deux prévenus cherche à protéger l’autre.
Après les débats, l’audience a été renvoyée pour le 20 juillet 2022. Il sera question pour les deux parties de plaider et pour le ministère public, de requérir.