C’est le lundi 04 janvier 2016 que dame Malado Kaba a été nommée à la tête du département de l’économie et des finances. Ainsi, ce mardi 29 mai 2018, elle a cédé son fauteuil au nouveau ministre, Mamadi Camara, ministre entrant suite au décret du samedi 26 mai.
“Ne précipitez aucune décision, gardez vos ennemis proches de vous et consultez largement”, c’est cette assertion de Nelson Mandela que la ministre sortante a cité en faveur de son prédécesseur en guise de conseil.
D’entrée de jeu, dame Malado a rappelé de nombreux défis qui l’attendaient quand la Guinée venait à peine de sortir d’une terrible crise causée par l’épidémie à virus Ebola.
Crise durant laquelle, il y a eu des pertes en vies humaines”dont le coût ne sera jamais mesurable, des orphelins livrés à eux-mêmes. Un système de santé affaibli. Une économie exsangue et également éprouvée par la chute du prix des matières premières et des finances publiques marquées par un déficit budgétaire accru”, a listé la ministre sortante.
Malado Kaba a donc montré la stratégie que son département a mise en place pour sortir de ces difficultés économiques.
“Au plan macroéconomique, l’un des premiers défis a été de poursuivre le renforcement du cadre macroéconomique amorcé depuis 2011. Ainsi au terme de mon passage, nous avons conclu le programme avec le FMI et négocié avec succès un nouveau programme incluant une enveloppe inédite de prêts non-concessionnels de USD 650 millions. Plus récemment, nous avons également conclu un accord avec les services du FMI relatif à la première revue du programme en mai 2018.
Notre économie a atteint en 2016 une croissance à deux chiffres et tout porte à croire que la croissance sera encore forte en 2018.
Ces résultats sont certes encourageants mais ils doivent être consolidés à la lumière des dérapages possibles et constatés en fin d’année dernière.
L’inflation a été ramenée en deçà de 10%, nos réserves internationales ont été reconstituées à près de 3 mois d’importations et le déficit budgétaire a été plus ou moins sous contrôle.
Ces résultats économiques sont le fruit d’une meilleure appropriation de la conduite de la politique économique et financière et ont permis également une augmentation de la crédibilité de notre pays vis-à-vis de nos partenaires techniques et financiers”, a-t-elle édifié.
L’ex-chef du ministère de l’Économie et de Finance s’est montrée satisfaite en ce qui concerne l’assiette du guinéen, du pouvoir d’achat de la ménagère et de l’emploi des jeunes.
“Ce sont là des questions qui appellent à garder les pieds sur terre et qui nous obligent à rester humbles. Ce sont aussi des questions qui appellent à la réforme en profondeur de nos systèmes afin que la structure de notre économie se transforme.
A cet égard, la négociation réussie du premier prêt non-concessionnel destiné à financer la première vague de projet de l’accord stratégique avec la Chine devrait conduire à développer nos infrastructures routières, portuaires et énergétiques, éléments essentiels pour une croissance forte mais aussi pour fluidifier le tissu économique local. Car nous avons imposé un contenu local important qu’il s’agisse de l’approvisionnement en matériaux produits dans notre pays comme le ciment, ou de l’utilisation de sous-traitants locaux ou encore de la formation destinée à nos PME locales.
Les termes de ce prêt aboutissent à des termes semi-concessionnel avec un élément don d’environ 23%, ce qui constitue également un résultat important qui dénote de notre capacité accrue de négociation”
Techniquement parlant, Malado Kaba a en outre dressé un bref bilan qui se resume par;
L’augmentation de l’absorption des ressources FED de près de 40% entre 2016 et 2017. L’inclusion de la Guinée dans l’initiative du G-20 du « Compact avec l’Afrique »
La concessionnalité moyenne des prêts négociés s’est établie à 37% sur les deux dernières années ; c’est à dire que nous avons obtenu des conditions favorables pour les prêts ce qui en réduit le poids sur notre budget.
Aussi, l’adoption de plusieurs textes de loi (PPP, gouvernance financière des sociétés et établissements publics, validation des comptes des comptables publics. La réalisation de l’adjudication en ligne des bons du Trésor. Une négociation réussie d’une opération de retour dans le portefeuille de l’État avec réalisation d’économie sur le prix proposé par l’actionnaire privé (près de 4 millions d’euros de gain réalisé).
Le dépôt des comptes de gestion de 2014, 2015 et 2016 à la Cour des Comptes, dont celui de 2016 déposé dans les délais prescrits par la loi et le démarrage effectif de l’apurement de la dette intérieure (1982-2013) avec l’engagement en 2017 de 90% du montant dû aux 80% des créanciers.
L’accroissement des recettes non fiscales, notamment des dividendes à près de 95 milliards GNF entre, soit une hausse de plus de 500% entre 2016 et 2017.
Enfin, sur le plan du fonctionnement du ministère, les activités conduites ont eu les principaux résultats suivants :
L’envoi de cadres sélectionnés sur concours à l’ENAREF de Ouagadougou.
L’achèvement des travaux de la direction nationale du Trésor et du centre de formation. L’achèvement en cours des travaux d’amélioration de conditions de travail au sein ministère.
Et la mise en place d’un réseau internet-intranet permettant la connexion de toutes les directions, y compris les directions excentrées, augmentant la connectivité des directions et du cabinet à Conakry dans un premier temps. Cela a permis de réduire de façon importante les délais de traitement des dossiers – allant jusqu’à plusieurs mois en 2016, à près de deux semaines en moyenne aujourd’hui.
Dans l’espoir de bien emboiter ses pas, Malado Kaba a sereinement passé le témoin à Mamadi Camara.