Le général Horta N’Tam, jusqu’ici chef d’état-major de l’armée de terre, a été investi jeudi 27 novembre 2025 président de la transition en Guinée-Bissau. Il dirigera le pays pour une période d’un an, sous l’autorité du Haut commandement militaire désormais aux commandes.
La cérémonie de prestation de serment s’est tenue au siège de l’état-major à Bissau, transformé en centre névralgique du pouvoir depuis le renversement des autorités civiles. Le dispositif sécuritaire y avait été considérablement renforcé : selon RFI, des dizaines de soldats lourdement armés encadraient le périmètre.
« Je viens d’être investi pour assurer la direction du Haut commandement », a déclaré le général devant les principaux cadres militaires, lors d’un événement volontairement austère, sans hymne ni protocole d’apparat.
Les trois composantes des forces armées — terre, air et marine — ont officiellement proclamé « l’installation » du général Horta N’Tam pour mener une transition fixée à douze mois. Dans une allocution d’une dizaine de minutes, il a justifié la prise de pouvoir par la nécessité, selon lui, de contrer une tentative de déstabilisation « orchestrée par des réseaux de narcotrafic ». Ce discours reprend un argument régulièrement mobilisé par l’armée dans un pays historiquement marqué par les ingérences du crime organisé.
Dans la foulée, les militaires ont annoncé la réouverture des frontières, fermées depuis le début de la crise. La capitale restait toutefois sous forte présence policière, alors que le principal parti d’opposition, le PAIGC, appelait à un rassemblement devant le ministère de l’Intérieur.
Parallèlement, les nouvelles autorités ont imposé des restrictions strictes aux médias, notamment aux radios — très influentes en Guinée-Bissau — en leur interdisant tout commentaire politique ou reportage sur la situation en cours. Une mesure qui suscite déjà l’inquiétude des organisations de défense des libertés publiques.
La CEDEAO, de son côté, a vigoureusement condamné ce qu’elle qualifie de « coup d’État », évoquant une « grave violation de l’ordre constitutionnel » et une « menace directe pour la stabilité du pays et de la région ». L’organisation ouest-africaine dit se tenir prête à prendre des mesures pour favoriser un retour rapide à un ordre civil légitime.
La situation reste extrêmement volatile à Bissau, où l’armée apparaît plus que jamais au centre du jeu politique, dans un pays confronté de longue date à une succession de putschs, de crises institutionnelles et d’ingérences criminelles.

