Dans cette interview, le président du Conseil des Guinéens de la Malaisie réagit suite au sacre d’Oumar Touré à la 63e édition du Concours international de la mémorisation du Coran qui a eu lieu à Kuala Lumpur capitale de Malaisie. Souleymane Doumbouya aborde aussi la situation des Guinéens dans ce pays tout en interpellant l’Etat guinéen sur le trafic des migrants. Lisez!
Guinee360.com : Vous avez assisté au sacre du Guinéen Oumar Touré qui a été premier dans la mémorisation du saint coran. Quel est votre sentiment ?
Souleymane Doumbouya : Il faut que d’abord savoir que la Malaisie a l’habitude d’organiser ce concours de récitation et de mémorisation du Coran qui est à sa 63e session. L’objectif c’est donner la force à l’islam, glorifier le bon du Dieu. C’est aussi dans l’esprit de l’amélioration et la compréhension du livre saint. Par rapport à la victoire de notre compatriote, nous sommes très contents ici. C’est la joie morale de voir un Guinéen hisser le drapeau très haut devant 76 participants venant de 52 pays. C’est un sentiment de satisfaction. Tous les Guinéens ici en Malaisie, nous sommes fiers, contents de ce prix. Il faut se féliciter que la première place soit revenue à la Guinée, catégorie mémorisation masculine.
Quel a été l’apport des Guinéens vivant en Malaisie aux deux candidats Guinéens ?
Nous, ici, en Malaisie, nous n’étions pas au courant de l’arrivée de ces deux jeunes, Mahmoud Diallo et Oumar Touré. C’est sur les réseaux sociaux que j’ai vu ce que Mahmoud Diallo avait posté. C’est en ce moment, j’ai su qu’il y a des Guinéens qui participent à cette mémorisation du saint Coran. Après, j’ai tenu une réunion du bureau au cours de laquelle j’ai informé les autres membres. J’ai demandé à mon chargé à l’organisation de se mettre en contact avec les jeunes. Donc, c’est ce qui fut fait. Il m’a envoyé le numéro de Mahmoud quand ils sont arrivés. Mahmoud m’a appelé, on a essayé de parler. Donc là, ils ont passé cette première étape, mais je leur ai dit que la deuxième étape de nous informer, nous sommes là pour ça. Après Mahmoud, nous a informé que la clôture c’était jeudi. Je suis parti avec certains membres. L’ambassade s’est fait représenter là-bas. Donc, on était tous là-bas. Ils étaient deux candidats guinéens et deux catégories aussi. Mahmoud Diallo était candidat à la récitation masculine, mais il n’a pas été retenu. Et c’est le Malaisien qui a été champion dans cette catégorie de récitation masculine. Il a eu un score de 94,96%. Notre compatriote Oumar Touré a raflé la première place avec 98,63% dans la catégorie mémorisation masculine. Il est suivi par un Yéménite avec 97,38% et le Tchad a raflé la troisième place.
Les Africains sont persécutés dans plusieurs pays notamment dans le Maghreb. Qu’en est-il en Malaisie ?
Ici, c’est un pays émergent dont la population est bien accueillante. Mais, il faudrait savoir faire la différence des choses. Quand vous venez en Malaisie, vous ne venez pas en aventure. Vous venez dans le cadre des études. Donc c’est l’une des raisons puisque les frais de scolarité sont abordables. Étudier en Malaisie permet de bénéficier d’une qualité d’enseignement presqu’équivalent des pays développés comme les Etats Unis, le canada, l’Angleterre etc. Et la Malaisie est un pays où il fait bon vivre. Il n’y a pas de persécution. Mais quand vous êtes en dépassement de séjour, vous êtes dans un cadre illégal. Il y a le respect des lois, ce n’est pas comme dans les autres pays. Si vous êtes en porte-à-faux avec la loi, on vous arrête et on vous met en prison jusqu’à ce que vous payiez votre billet pour rentrer chez vous.
Est-ce que vous avez une idée du nombre de Guinéens qui sont dans les difficultés dont le titre de séjour a expiré et qui n’ont pas de l’argent pour payer ?
Pour le moment, il n’y a pas des détenus puisque nous sommes organisés pour agir quand il y a ce genre de chose, nous contribuons afin que cette personne rentre en Guinée. Même pas la semaine passée, nous avons aidé des compatriotes qui n’avaient pas de moyens à rentrer au pays. Nous avons contribué pour leur payer les billets. Pour le moment, il n’y a pas de cas de détenus. Et dès que cela arrive, on intervient.
Avez-vous le soutien de notre ambassade ?
L’ambassade intervient de façon administrative. Dès que je suis saisi d’une telle situation, j’informe l’ambassade. On travaille de façon mutuelle. Mais, c’est le problème de financement qui cause problème. L’ambassadeur intervient administrativement. Et s’il y a lieu de se présenter, il se présente. Mais le problème ici c’est le financement. L’État doit essayer de mettre au moins une caisse de solidarité au niveau de l’ambassade pour aider les Guinéens qui sont en difficulté.
Quel appel avez-vous à l’endroit des autorités guinéennes ?
L’autre aspect que je voudrais signaler qu’il y a des gens en Guinée qui font le trafic, ils essaient d’amadouer des jeunes en leur faisant croire qu’ils peuvent passer par la Malaisie pour aller directement en Australie ou en Nouvelle Zélande. Il faut que les gens sachent que c’est archifaux. Il y a beaucoup de Guinéens qui sont victimes de ce trafic que nous rencontrons ici. L’Etat doit essayer de stopper ces trafiquants qui continuent de tromper les jeunes guinéens. Nous avons rencontré beaucoup de compatriotes qui sont dans ces situations et qui se retrouvent dans d’énormes difficultés.