Maadjou Sow a comparu ce mercredi 26 juillet 2023 pour livrer son récit des événements du 28 septembre 2009. Dans son témoignage, la victime explique comment un béret rouge lui a poignardé à la cheville alors qu’il cherchait une échappatoire pour sortir du stade.
« Quand les hommes armés sont entrés en tirant, j’ai quitté la tribune, essayant de sortir du stade avec la foule. Le premier problème est survenu lorsque j’ai rencontré un individu en béret rouge qui m’a violemment frappé au niveau de ma mâchoire droite avec son fusil provoquant une fracture à trois niveaux. Ensuite, il m’a poignardé à la cheville avec la baïonnette, mais malgré cela, j’ai continué à courir. J’ai entendu certaines dire qu’ils avaient électrifié le mur, les gens se bousculaient et tombaient les uns sur les autres. Tragiquement, j’ai trébuché sur un fer du portail et je suis tombé sur un barbu (une personne) tandis que d’autres sont tombés sur moi. J’ai pu sentir que le barbu sur lequel je suis tombé était décédé. C’est alors que j’ai commencé à pleurer, pensant que j’allais mourir sans avoir pu dire au revoir à ma mère », raconte Maadjou SOW.
Il sera finalement sauvé par une connaissance évoluant avec le corps médical (Médecin sans frontières) présente sur place. Prit pour un mort, SOW avait été transporté avec d’autres cadavres à l’hôpital puis vers la morgue. C’est ainsi son ami l’a reconnu. « Elle m’a expliqué que j’ai été transporté à l’hôpital avec les corps des victimes, en direction de la morgue. On m’a déposé au quatrième étage dans une cabine chez le Dr Kaba. J’avais une hémorragie interne et ils ont connecté des tubes pour évacuer le sang, mais ils m’ont malheureusement oublié dans cette cabine. Heureusement, la fille de Médecins sans frontières est revenue me chercher et j’étais encore en vie. Elle a immédiatement appelé les médecins. Cependant, les raccords utilisés pour extraire le sang ont provoqué un problème avec mon gros intestin, ce qui rendait difficile mes allés aux toilettes, sauf lorsque j’avais beaucoup de selles. Dr Rafiou a réussi à soigner deux fractures de ma mâchoire, mais les côtes fracturées, nécessitent des machines spécialisés qui ne sont pas disponibles ici ».
À sa sortie d’hôpital Donka, la victime explique avoir séjourné à plusieurs reprises dans d’autres centres médiaux sans succès. Toujours souffrant, il cherche encore de l’aide. « J’ai passé deux mois à l’hôpital Donka et 2 ans 6 mois au centre Mère et Enfant. On m’avait promis une évacuation pour une opération du gros intestin, mais cela n’a pas encore eu lieu. On m’a donné au moins 5 passeports pour mon évacuation, mais jusqu’à présent, rien n’a été fait, et je suis toujours bloqué ici ».