La journée internationale du professeur a été célébrée le 24 novembre 2022 sous le thème : “Le professeur de français, créateur de l’avenir”. En Guinée, les enseignants ont choisi le thème « repenser l’enseignement du français au secondaire ».
Cette célébration a été organisée à Conakry au Centre international de recherche et de documentation (CIRD) à Kipé par l’Organisation guinéenne pour la Culture et la Francophonie (OGCF).
Aly André Simbiano est un enseignant chercheur à l’ISSEG de Lambanyi et chef de département de formation des professeurs de collège et lycée en langue et communication. Il indique qu’ “organiser cette fête de l’enseignant surtout du français c’est donner toute la vie à cet enseignant qui est au centre de la qualité de l’enseignement principal. Pour le cas spécifique de la Guinée, le français est la langue officielle. Sa maitrise est indispensable pour avoir une éducation de qualité.
Dans son exposé, il a fait savoir que les programmes enseignés dans le pré universitaire ne sont pas adaptés à la réalité du moment.
“Les observations des leçons ont montré que l’exploitation des textes littéraires est essentiellement centrée sur les activités d’exploitation lexicale, de formulation de l’idée globale du texte et de réponses aux questions pré établies”, a-t-il expliqué, avant d’ajouter que cette étude menée en 2018 par deux Burundais, révèle qu’ “ucun enseignant parmi les enseignants qu’ils ont eu à observer n’a eu à utiliser le texte comme point de départ d’un savoir agir ou de projet de lecture, c’est-à-dire une réécriture nouvelle à partir du texte de départ. Ainsi, si les textes offrent des occasions d’améliorer la littérature actionnelle, ils ne sont pas employés pour développer la production écrite des élèves. Par ailleurs, les professeurs de français ne montrent pas les tâches que les élèves doivent réaliser. “
Plus loin, Aly André Simbiano soutient qu’il faut donc repenser l’enseignement du français dans les écoles : “Il faut repenser l’enseignement du français parce qu’il est technique. Les approches enseignées jusqu’à maintenant ne sont plus en adéquation avec les réalités du monde contemporain. Dans ma communication, j’ai parlé des différentes méthodologies qui ont été enregistrées pour l’enseignement des langues dans le monde entier. Beaucoup sont encore à la première méthodologie connue dans les années 1700-1800 et pourtant nous voulons des apprenants actifs, au service de leur pays. Alors si la méthode d’enseignement ne prend pas en compte les réalités du monde contemporain alors il revient de repenser l’enseignement du français au collège.”
Dans le même ordre d’idées, M’mah Camara, une autre responsable à l’Institut supérieur des sciences de l’Éducation de Guinée (ISSEG), explique les difficultés qu’ont actuellement les professeurs de français au niveau du collège: “Il y a une forte disparité entre les contenus des programmes et les contenus des manuels agréés. Au collège on utilise plusieurs manuels. Le cours de français est divisé en des rubriques. Par exemple, si vous traitez la lecture expliquée et vous voulez vous servir de ces livres là pour préparer le cours, vous allez rencontrer d’énormes difficultés. Alors qu’est-ce que les professeurs de français font ? Ils vont se servir du livre “Mamadou et Bineta sont devenus grands” pour trouver les textes”.
Que faut-il faire pour adapter les programmes d’enseignement ? Aly André Simbiano estime qu’il faut une volonté politique : “Il faut une volonté multidimensionnelle pour y arriver. Il faut d’abord une volonté politique qui guidera les techniciens, entre autres, l’Institut national de recherches et d’actions pédagogiques (INRAP) et l’ISSEG pour revoir les méthodes d’enseignement”.
L’INRAP est l’institution qui conçoit les programmes d’enseignement en Guinée. Mamadou Moussa Baldé, de la section langue française de ladite institution annonce qu’il y a des projets pour adapter les programmes d’enseignement aux réalités actuelles : “Tout le monde est conscient aujourd’hui que les programmes d’enseignement du français dans notre pays sont vieux. Ils ne sont pas adpatés au contexte actuel du monde. Mais, il y a des projets qui sont initiés par le gouvernement et qui sont en cours et qui seront adaptés à nos réalités acutelles”.
La journée internationale du professeur de français, faut-il le préciser, est célébrée le dernier jeudi de chaque mois de novembre.