Corona semble être politiquement plus profitable à l’état guinéen. Du chaos, de la malice, de la haine, tous se sont violemment disputés la Guinée sans pitié en quelques mois pour profiter du COVID-19 et requinquer une politique à la fois belliqueuse et cruelle.
Personne ne saurait séparer avec succès, de la longue liste des dérives de l’état guinéen, l’envie de profiter des épidémies, de celle d’abuser de l’impuissance de cette brave population. Quelles acrobaties politiques nous guettent et nous secouent avec COVID-19 ? Tentatives de décryptage dans cet article.
La propagation du COVID-19 de la Chine vers le reste du monde et la Guinée est incontestablement liée à l’évolution hésitante de la Guinée vers les élections controversées du mois de mars. Tout d’abord lorsque la Chine et l’OMS annonçaient l’urgence de faire face à l’épidémie en décembre dernier la Guinée annonçait, à travers la CENI et la présidence, la tenue des élections législatives le 28 du même mois. Contre toute attente, à quelques jours de la date prévue, Alpha annonçait officiellement le report des élections pour février 2020, brandissant des arguments timidement contestés par la CENI. Le président de la CENI de l’époque semblait ne pas avoir été associé à cette décision, et de surcroit, il prétendit tout de suite être gravement surpris de l’invitation de coupler les législatives au referendum obscure que cachait Alpha Condé. Les clients politiques les moins avertis crièrent aussitôt victoire pour le FNDC croyant qu’Alpha avait abdiqué face aux manifestations incessantes de partout dans le pays.
Entretemps COVID-19 échappait à la Chine et faisait ses premières victimes dans le reste de l’Asie et l’Europe. Encore hésitants, quelques pays de l’occident commençaient à fermer discrètement leurs aéroports à tout vol en provenance de la Chine et bizarrement chaque jour il arrivait à Conakry des passagers en provenance de ce pays, sans précaution aucune. Quelques temps plus tard notre pays se bomba la poitrine disant qu’il allait envoyer des médecins pour aider la Chine à maitriser coronavirus. Non seulement la Chine ne sollicitait aucune aide mais cette information officielle demeura flou sur toute la ligne, et personne ne sut quelles étaient les précautions prises pour ces médecins guinéens, encore moins quel serait la durée de leur sacrifice.
Parallèlement ni l’intensité des manifestations de rue, ni les rappels répétés au respect de la constitution par la communauté internationale ne furent fléchir ou reculer l’état guinéen dans son démarchage électoral. Début février, précisément le 4, les élections furent une nouvelle fois reportées au 1er mars et le président de la CENI admit enfin un peu honteusement ne pas avoir le contrôle du dossier électoral. Les ouvriers politiques de l’état guinéen se moquaient que le 1er mars soit une journée nationale fériée chômée et payée depuis les premières heures de notre indépendance. Cet affront dénotait à suffisance l’inattention de l’état et son ignorance des valeurs républicaines mais aussi sa folle envie de tenir ces élections vaille que vaille. Bien qu’on savait tous que ce nouveau rendez-vous électoral allait être reporté, on ne sut pas prêter attention à l’opportunité que pourrait offrir l’arrivée officielle du COVID que l’état guinéen semblait être seul à guetter. Le rendez-vous du 1er mars fut reporté et effectivement le 2 du même mois le Sénégal annonçait officiellement son premier cas de COVID devenant ainsi le 4e pays africain affecté par l’épidémie après l’Algérie, l’Egypte et le Nigeria, tous ayant de bons rapports avec la Guinée.
Non seulement la Guinée ne ferma pas tout de suite ses frontières mais elle fixa les élections une énième fois pour le 15 mars. Contre toute attente, à trois jours de cette date des experts de la CEDEAO publiaient un rapport accablant sur le fichier électoral détenu par la CENI et recommandaient des corrections approfondies avant la tenue de toute élection. Un jour après la publication de ce rapport, comme pour illustrer son envie d’occuper l’opinion, la Guinée contrattaquait en annonçant officiellement un premier cas suspecté de COVID d’une européenne à Conakry. Le même jour, le 13 mars, Alpha Condé signait un décret prorogeant les campagnes électorales (impossibles à tenir) du 15 au 20 mars dans l’intention de tenir les élections le 22.
Parallèlement, son gouvernement fit un grand tapage autour du COVID, affirma que la situation était sous contrôle, que la santé de la suspecte européenne s’améliorait déjà, et isola des centaines de vrais et faux contacts autour de cette supposée atteinte de COVID. La psychose fit servie à flot au public et c’est entre les balles de l’armée guinéenne et les flèches invisibles et incertaines du COVID-19 que l’état, muni de sa haine viscérale contre la démocratie et contre son peuple, tint effectivement les élections le 22 mars.
L’Union Africaine et la CEDEAO se désolidarisèrent de notre élection et affirmèrent qu’elles n’y enverraient aucun observateur. Au même moment la Guinée interdisait les regroupements de masse pour freiner les manifestations de rue, annonçait la fin des campagnes électorales avortées, et procédait brusquement aux élections réfutant l’idée selon laquelle le vote pourrait être risqué face au COVID. C’était bien le meilleur moment pour couillonner une énième fois le peuple se disait certainement l’état car tous les autres pays qui pourraient faire une pression politique en faveur de la démocratie étaient occupés à combattre chacun son COVID-19. L’état fut seul à organiser et à observer à sa manière ses élections à lui mais ne réussit pas à les tenir dans le calme. Plus de 60% des bureaux de vote furent saccagés et des soldats renforcés par des chasseurs traditionnels venus du Liberia massacrèrent plus de 100 jeunes notamment à N’Zérékoré en toute banalité.
Seulement cinq (5) jours après ces évènements les résultats provisoires des élections couplées furent annoncés par un président de CENI visiblement pressé et mal à l’aise, et le même jour, exactement le 27 mars, des rumeurs concordantes affirmèrent que celui-ci était testé positif au COVID mais pas informé sur son cas. Des pressions politiques refermaient aussitôt un étau sévère et inhumain autour de lui et l’intimaient de rester chez lui dans un semblant d’auto-confinement comme le faisaient d’ailleurs tous les suspects, haut placés au sein du gouvernement.
Le FNDC s’apprêtait à relancer sa lutte pour la démocratie par une autre série de manifestations de rue lorsque l’état décida immédiatement d’imposer un couvre-feu sur l’ensemble du territoire et d’isoler Conakry, chef-lieu du combat politique, et épicentre de l’épidémie. Les regroupements étaient encore interdits lorsque le 3 avril les résultats provisoires des élections furent relayés par la cour constitutionnelle. Et quatre (4) jours après cette date le président de la CENI fut officiellement informé qu’il était positif au COVID mais qu’il devrait continuer de rester à domicile, sans autres précautions ou traitement.
Le jonglage politique avait visiblement autant de résultats à présenter que le COVID, bouclier politique du moment, avait d’âmes à éliminer. Le 14 avril le premier cas de mort de COVID fut enregistré à Conakry, suivi du second le lendemain, et de celui du président de la CENI le 18 avril. Les rumeurs disaient que ce dernier avait été contaminé par des observateurs électoraux officieux contractés en catimini par le régime Condé à partir de certains pays africains et qui finalement eurent de la peine à clore leur contrat et à regagner leurs pays respectifs.
Alors que la Guinée avait déjà enregistré 6 morts de COVID et plus de 800 cas confirmés, et que le couvre-feu était toujours en vigueur, notre fameux gouvernement organisa sans gêne une rentrée parlementaire clandestine le 22 avril, regroupant ainsi plus de 200 personnes au Palais. Satisfait de sa besogne, même s’il ne célébrait pas son braquage politique, l’état guinéen argua du confinement et du couvre-feu pour empêcher le FNDC de manifester son opposition au coup d’état électoral. Bizarrement COVID-19 profita de cette aveugle rentrée parlementaire pour continuer sa propagation silencieuse au sommet de l’état et emporta d’autres hauts cadres, dont le nouveau vice-président de la fausse assemblée nationale. Curieusement ce ne fut qu’à la veille de l’enterrement de ce dernier, trois jours après sa mort, que sa famille fut informée qu’il était bien mort du COVID-19.
Par derrière l’écran et à la surprise générale le FNDC saisissait la cour pénale internationale sur le cas guinéen et l’état ripostait par des arrestations arbitraires alors que la prison où les opposants sont conduits avait déjà enregistré des cas positifs de COVID dont on ne pouvait comprendre l’origine. Aucune précaution n’était prise ni pendant les arrestations, ni pendant la manipulation du colis carcéral, et ni au débarquement à la Maison Centrale. Très curieusement, comme pour renfoncer le vent de la psychose et du crime d’état, c’est au même moment que ce fameux gouvernement nous annonçait que plus de 500 suspects positifs au COVID vivent librement au sein de la population sans précaution et que l’état était dans l’incapacité de trouver du matériel de dépistage et de traitement, ou bien d’assurer un confinement minimal à ceux-ci.
Les décombres politiques du COVID en 3 mois semblent être déjà plus nauséabonds que ceux d’Ebola en 2 ans. Des voyous politiques poussent partout comme des champignons et prient Sheytan de nous faire oublier les prochaines élections d’octobre 2020. Ensemble ils prient que nous négligions tout court l’opportunité des 4 mois qui nous restent pour réveiller l’opposition républicaine et souffler ainsi un nouveau vent d’espoir après dix ans d’étreinte politique. Ils prient, toujours avec Sheytan, que la constitution nouvellement bricolée, encore chaude, soit gobée en toute complaisance par le peuple entier. Ils prient que l’armée émasculée continue son sommeil, que le syndicat continue à se désolidariser du noble combat pour la démocratie, et que surtout la CPI ferme les dossiers encore non ouverts des multiples cas sanguinaires guinéens. Ils prient pour la collision entre partis politiques et pour le maintien du bouclier politique jusqu’en 2021 et même au-delà.
Ils prient rageusement que leur Sheytan triomphe de notre Seigneur et nous humilie. Ils prient que se prolonge notre malheur et que s’épaississe durement le nuage qui nous voile l’œil. Si seulement ils avaient le pouvoir de faire taire à jamais tout ce peuple qu’ils tuent banalement !
Abdoul K. Diallo, L’Agronome