A l’occasion de la célébration de la journée internationale du sport féminin célébrée, ce 24 janvier 2023, Guinee360.com est allé à la rencontre d’une handballeuse professionnelle. Son nom, Bintou Oularé, révélation féminine du handball en 2014. Aujourd’hui, âgée de 27 ans, la jeune femme ambitionne de devenir la meilleure de sa discipline dans la sous-région, et ce, en dépit des pesanteurs sociales sur le sport féminin. Interview !
Guinee360.com : D’où est venu votre amour du handball ?
Bintou Oularé : Un jour, mes camarades de classes et moi sont partis faire l’Education physique et sportive (EPS) au stade. Je me suis éclipsée le temps d’un instant pour aller sur le terrain de handball où j’ai passé des heures à contempler les joueuses. Je suis retournée voir notre professeur pour lui demander si je pouvais aussi pratiquer le handball. Il m’a amené voir le coach qui m’a directement pris sous son aile. Tout est parti de là. J’ai aimé le handball avant de le pratiquer.
Parlez-nous de votre parcours en tant que handballeuse professionnelle…
En 2013, j’ai intégré l’équipe de TPG qui évolue en ligue 2 où j’ai joué mon premier championnat qui m’a valu le titre de la meilleure joueuse du championnat. Après cela, j’ai intégré le club ULG en ligue 1 qui était déjà championne de Guinée. A la même année, j’ai été désignée comme la révélation en ligue 1, ce titre m’a permis d’être plus performante pour non seulement le mériter d’emblée et pouvoir en obtenir davantage dans ma carrière.
J’ai finalement intégré l’équipe nationale féminine de handball en 2017, on a été championne du tournoi régional en Côte d’Ivoire. J’ai été au Maroc prendre part au tournoi senior, j’ai participé à la qualification aux jeux africains avec l’équipe senior et la qualification à la coupe du monde de handball féminin en 2019 qui ne s’est jouée qu’en 2022 à cause de la Covid 19.
Comment vous avez réussi à jumeler études et sport ?
Ça n’a pas été facile, mais tout est question d’organisation et de vision. A un moment, je n’avais pas de repos parce que mon temps était partagé entre le terrain et l’école. Le rythme était très intense, mais après j’ai su m’organiser pour pouvoir gérer les deux et Dieu merci avec l’aide de ma famille et de mes coaches j’ai pu y arriver.
Le sport féminin est encore mal perçu dans notre société. Comment avait réagi votre famille ?
Au départ, ma mère ne voulait pas que je me lance dans le handball parce qu’elle avait une très mauvaise image du sport féminin qui, pour elle, avoisinerait la délinquance. Heureusement, elle a fini par comprendre qu’avec l’éducation qu’elle m’a donnée ça serait impossible que je dévie de mon chemin de handballeuse. Dans toute chose, il faut de la détermination et de la volonté de réussir. Moi, j’ai décidé de vivre de ce sport alors forcément, je dois le faire avec les sacrifices qui vont avec, à savoir me priver de certaines activités que font les filles de mon âge, sortie ou autres pour prouver à ma famille que je mérite humblement leur confiance. Le handball m’a sauvé des dérives notamment des grossesses et de la délinquance juvénile.
Quelle est votre perception sur l’avenir du sport féminin dans notre pays ?
Je dirais que ça commence à évoluer parce qu’il y a énormément de jeunes filles aujourd’hui qui se lancent dans le sport. Les filles peuvent se construire grâce au sport et avoir un brillant avenir. Les gens commencent à comprendre que le sport toute discipline confondue n’est pas que réserver aux hommes et c’est une avancée majeure pour la nouvelle génération. C’est vraiment une réjouissance. Dans ma catégorie, l’équipe masculine estime que nous sommes plus favorisées qu’eux et ça prouve qu’il y a une avancée. (Rires)
Avez-vous été victime de harcèlement dans ce milieu ?
Personnellement, je n’ai jamais été victime de harcèlement et je n’ai jamais été mis au courant d’une telle situation dans le milieu du handball.
La plupart d’entre nous sont des universitaires conscientes de leur raison d’être là. Elles ne se laissent pas faire aussi facilement. Nos relations avec nos encadreurs sont strictement professionnelles et nous-mêmes. On se conscientise entre nous pour éviter de se faire avoir par qui que ce soit dans le milieu parce que moi mon éducation ne me permet pas de commettre certaines erreurs.
Quel message pouvez-vous donner à une personne désireuse de se lancer dans ce milieu ?
Il faut se lancer par passion. C’est très difficile de se faire une place dans le monde sportif si on n’est pas passionné. Il faut beaucoup de travail et d’abnégation surtout lorsqu’on est femme mais il ne faut jamais se laisser décourager par les gens pour pratiquer ce qu’on aime dans cette vie.