Le dossier était mis en délibéré pour ordonnance être rendu ce lundi 21 février 2022. Au sortir du tribunal Me Paul Yomba a expliqué que son client doit rester encore en prison à cause selon lui d’une mauvaise appréciation des faits qui ont motivé leur requête.
Après une prorogation intervenue vendredi dernier pour des raisons matérielles. Ce lundi, les avocats d’Aboubacar Sidiki Diakité ont obtenu la réponse à leur requête. Quelques semaines après l’introduction de ce recours auprès de la présidente du tribunal de première instance de Dixinn, la juge, Makoya Camara a finalement tranché.
Près de cinq ans de détention sans procès, sans renouvellement de son mandat de dépôt, l’ancien aide de Camp de Moussa Dadis Camara doit rester encore en prison au grand regret de ses avocats.
Me Paul Yomba Kourouma l’un des avocats de Toumba, “nous vous disions que nous initions ce référé pour éprouver le slogan émis par les autorités. Ensuite pour éprouver la magistrature, de savoir si elle s’est vraiment affranchie. Si l’indépendance consacrée l’ait dans les faits. Mais nous avons été surpris par la décision qui a été rendue par la juge des référés. En ce qui concerne la mise en liberté de Toumba, car il n’est ignoré de personne que cet homme subit une détention arbitraire, une détention prolongée, un manque de renouvellement de son mandat, la discrimination et le tout cumulé par son état de santé qui n’a jamais attiré l’attention des autorités. Alors les débats sont passés, devant le juge des référés et celui-ci ne conteste pas que son mandat n’a jamais été renouvelé, ne conteste pas n’ont plus l’existence d’un certificat médical au dossier”.
Malheureusement, Makoya Camara a estimé que la dénonciation du non-renouvellement du mandat de dépôt de Toumba ne se serait passée dans le temps et que son certificat médical devait être actualisé pour lui être opposable. Là, Paul Yomba explique qu’il s’agit d’une mauvaise appréciation des faits dus à leurs méconnaissances. C’est ce qui aurait abouti “à ce mal-jugé”.
Pour le certificat médical, Me Kourouma précise que c’est suite à une requête du département de la justice qui avait sollicité les services de l’hôpital Ignace Deen qu’il a été délivré et que la juge devait le savoir. Il ajoute qu’à l’époque, ce sont les médecins qui s’étaient déplacés jusqu’à la prison pour les différents examens.
Même si les avocats de Toumba sont conscients de l’enjeu que représente ce dossier, ils ne comptent pas en rester là. Paul Yomba Kourouma promet la saisine dans les prochains jours des juridictions compétentes.
“Nous nous disons que le dossier de Toumba est très sensible et qu’aucune autorité n’ose l’aborder. Que Toumba est réservé juste pour servir de caution pour répondre à la place de tous ceux-là qui ont commis ce massacre. Toumba va continuer encore à être en prison. Nous ferons appel de cette décision. Nous saisirons la Cour d’appel de Conakry. Nous irons jusqu’à la Cour suprême par ce que devant la cour, il y aura certainement une composition plus élargie et plus intelligente. Et qu’il y a encore là-bas des hommes et des femmes plus aguerris qui font de cette profession leur sacerdoce qui ne tardera pas à constater. C’est vraiment éclatant que ce mandat n’a pas été renouvelé et qu’à tout moment de la procédure le prévenu peut contester les motifs de sa détention”.
Aboubacar Sidiki Diakité allias Toumba, a été arrêté en décembre 2016 au Sénégal, après sept ans de cavale. Le 12 mars 2017, il a été remis aux autorités guinéennes à la demande de la justice suite à un mandat d’arrêt international émis contre lui.
La justice guinéenne a immédiatement ordonné sa détention à la maison centrale de Conakry, pour pouvoir déterminer son rôle présumé dans le massacre de plus de 150 civiles au stade du 28 septembre de Conakry en 2009.
Sans tarder, Toumba a été inculpé le 14 mars 2017 par le pool de juges d’instruction de 15 chefs d’accusation. Le 15 mars, un communiqué du ministère de la Justice dirigé à l’époque par Me Cheick SACKO rend public les raisons pour lesquelles il est poursuivi.
«Pour des faits de meurtres, de viols, de pillages, d’incendies volontaires, de vols à main armée, de coups et de blessures volontaires, d’outrages à des agents de la force publique, de tortures, d’enlèvements, de séquestrations, d’agressions sexuelles, d’attentats à la pudeur, de responsabilité de commandement des chefs hiérarchiques et militaires et de complicité», mentionne le communiqué.
Une inculpation, saluée par les l’association des victimes et les organisations de défense de droits de l’homme notamment la FIDH et l’OGDH.
«C’est un acte que nous saluons. Nous l’avons toujours souhaité. C’est une grande avancée dans le dossier du 28 septembre et d’une manière générale pour la justice guinéenne», avait réagi à l’époque Me Hamidou Barry, membre de l’OGDH.
Dans la même optique, quatorze autres personnes ont été inculpées pour les mêmes faits. Il s’agit de Moussa Dadis Camara, chef de la junte, le colonel Claude Pivi alias Coplan, ministre chargé de la sécurité présidentielle au moment des faits. Il y avait aussi le ministre chargé de la lutte anti-drogue et des crimes organisés, le colonel Moussa Thiégboro Camara, le Capitaine Bienvenu Lama. Il y avait également le nom du ministre de la Santé le colonel Abdoulaye Chérif Diaby qui aurait empêché les victimes d’accéder aux centres médicaux ainsi que le Général Mamadouba Toto Camara.