Le Directeur de publication de Mosaiqueguinee, Mohamed Bangoura a été convoqué le 5 août dernier pour «une séance de travail» suite à la publication d’un article dans les colonnes dudit site d’information, faisant état de la disparition d’un camion de tramadol dans l’enceinte du camp Samory à Kaloum. Grâce au soutien du syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) et du REMIGUI, l’affaire a finalement été tranchée devant la Haute autorité de la communication (HAC).
Dans une note publiée le vendredi 19 août 2022, le directeur du bureau de l’Afrique de l’Ouest de RSF (reporter sans frontière) a dénoncé ce fait.
«La convocation de ce journaliste dans un camp militaire est injustifiable dans un pays où l’instance de régulation des médias et les tribunaux fonctionnent normalement. Nous saluons la forte mobilisation des acteurs de la presse pour empêcher une telle violation et appelons les autorités, qui s’étaient pourtant engagées à promouvoir la liberté de la presse, à protéger les journalistes, dont au moins sept ont été attaqués en moins de deux semaines par des forces de sécurité et des manifestants. Ces actes ne doivent pas rester impunis », a déclaré Sadibou Marong.
Plus loin, Reporter sans frontière revient sur les détails de l’agression des journalistes. Il a mentionné que Mohamed Bangoura est le deuxième journaliste à être convoqué par l’armée, après la publication d’un article de presse, à moins d’un mois. En septembre 2021, rappelle RSF, le journaliste Ibrahima Sory Diallo du site d’information laguinée.info, a été convoqué par l’armée pour une séance de travail qui cite Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du SPPG.
«Les militaires n’ont même pas donné les raisons de cette convocation malgré notre insistance. Nous leur avons répondu que le journaliste n’irait pas dans un camp. Ils pouvaient saisir la HAC ou les tribunaux s’ils lui reprochaient quelque chose », a ajouté Reporter sans frontière.
Outre cette convocation du journaliste Mohamed Bangoura, plusieurs autres journalistes ont fait l’objet d’agression de la part des forces de l’ordre, d’après RSF.
«Depuis le 28 juillet, sept journalistes ont été inquiétés, attaqués ou agressés par des éléments des forces de l’ordre et des manifestants. Le 17 août, un journaliste du site d’information Guineematin.com qui couvrait une manifestation pacifique de Conakry a été interrogé deux fois par des militaires qui ont également confisqué son téléphone. Le 4 août, le journaliste Mamadou Hady Diallo de Djoma Kakande a été attaqué par les forces de l’ordre pendant qu’il couvrait une manifestation des travailleurs d’une société minière au nord-ouest du pays. Le même jour, Mamoudou Boullere Diallo d’Espace TV a aussi été agressé par des militaires positionnés sur une grande avenue de la capitale Conakry. Quatre autres journalistes, Abdallah Camara et Mohamed Sangaré du groupe Evasion Guinée, Algassimou Baldé du groupe Djoma médias ont été agressés par des participants le 28 juillet alors qu’ils couvraient des manifestations à Conakry. Mamadou Bhoye Laafa Sow, journaliste pour le site d’information Guineematin.com, a été roué de coups par un groupe de manifestants le même jour, et menacé par des militaires le lendemain, alors qu’il couvrait une autre manifestation. Reporters sans frontières (RSF) dénonce cette convocation et demande une meilleure protection des journalistes.»
Pour rappel, la Guinée a été classée 84e sur 180 pays lors du classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022.
Mamadou Kouyaté