Le pouvoir « cannibale » s’est encore abreuvé du sang des victimes de la répression policière du 12 mai 2020 qui a enregistré la mort des 8 citoyens lâchement abattus alors qu’ils ne faisaient que manifester contre les délestages électriques à Kamsar et aux rackets dont ils sont victimes dans les barrages routiers à Coyah et Dubréka.
Comble de cruauté, le gouvernement guinéen n’a pas daigné évoquer le bilan des victimes des récentes violences. Dans son adresse à la nation du 15 mai, le chef de l’État n’a fait que brièvement évoquer les émeutes. « Nous avons été malheureusement endeuillés par des pertes en vies humaines, le 12 mai dernier à Coyah, Dubréka et Kamsar ».
« Ces évènements douloureux posent une fois de plus la question de la violence lors des mouvements sociaux et politiques dans notre pays”, a estimé Alpha Condé en exhortant “ la Justice à faire la lumière sur ces faits graves et à en tirer toutes les conséquences judiciaires ».
S’il “en appelle à la discipline et à l’esprit civique de tous les citoyens” à veiller au respect “des restrictions” imposées “par les exigences de santé publique”, Alpha Condé semble culpabiliser les populations et non les agents de sécurité accusées par les défenseurs des droits humains de faire “usage excessif de la force” dans le maintien de l’ordre.
“Les forces de sécurité sont chargées de garantir l’observation stricte de ces instructions”, a ajouté le président et, de ce fait, les citoyens doivent “ les accepter et les respecter pour vaincre la pandémie et permettre une sortie rapide de cette crise”.
Quel cynisme que tenter de défendre les forces de sécurité responsables de “l’intervention ayant entraîné la mort de plusieurs personnes” qui manifestaient “ contre les rackets policiers dont elles sont victimes dans les nombreux check-points, certains illégaux, pour soi-disant restreindre la libre circulation afin de freiner la propagation du Covid-19?
Pire encore, dans la soirée du 12 mai, le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation s’est fendu d’un communiqué laconique pour donner raison aux forces de l’ordre.
“Malgré l’intervention des forces de l’ordre, précédée des appels au calme, ces mouvements ont causé des dommages importants”.
Le ministre général Bourema Condé, lui non plus, n’a pas donné de bilan humain. Il a affirmé que “des cas de morts et de blessés ont été malheureusement enregistrés aussi bien dans les rangs des manifestants que ceux des Forces de l’ordre”.
Par contre, il s’est préoccupé à énumérer les dégâts matériels.
Entre autres, “le domicile du maire de Kamsar incendié ; le Commissariat central de Coyah, les postes de Police et de Gendarmerie de Manéah vandalisés ; des véhicules d’intervention dont des ambulances de secours saccagés”.
Nul reproche fait aux agents des forces de l’ordre, mais “en tout état de cause, toutes les personnes qui seront tenues responsables de ces troubles répondront de leurs actes devant la loi”, a prévenu le ministre Bourema Condé.
Voici la liste complète des 8 victimes de la répression du 12 mai que le gouvernement a refusé d’évoquer.
A Coyah: Mamadama Bangoura, 32 ans (4 enfants), Aboubacar Soumah; Aboubacar Diallo, Abdoulaye Bangoura, Seydouba Fadiga; Mamadou Yaya Bah. Ainsi que Mohamed Soumah, à Dubréka et Mamadou Oury Barry à Kamsar.