En marge de la 14e édition des Atlantic Dialogues à Rabat, au Maroc, l’ancien Premier ministre de la transition, Mohamed Beavogui, est revenu sur son passage à la tête du gouvernement guinéen et de l’évolution du pays depuis le coup d’État du 5 septembre 2021.
Dans sa communication, il a tout d’abord rappelé dans quel esprit il a été appelé aux affaires. « Quand je suis arrivé, on m’a amené comme quelqu’un qui devait rétablir un peu l’ordre, quelqu’un d’apolitique, de neutre», a-t-il souligné, insistant sur le fait qu’il n’a « jamais été membre d’un parti politique. »
Selon lui, la situation institutionnelle était critique. « Il n’y avait plus de Constitution, elle avait été abolie. Il n’y avait plus de texte. Il fallait donc faire quelque chose. La transition a donc tenté de poser des bases juridiques minimales. « Nous avons essayé de mettre en place une Constitution provisoire pour la période de transition. »
Mohamed Beavogui reconnaît tout de même que le processus a été lent et imparfait. « Nous avons avancé lentement mais sûrement », dit-il, tout en admettant que « nous n’avons pas toujours respecté tous les délais qui avaient été fixés », a-t-il souligné. Il estime toutefois que le pays est aujourd’hui « à un stade où nous avons une Constitution et nous sommes en train d’organiser les élections. »
Évoquant la nature militaire du pouvoir, il reste réaliste. Pour lui, « Un soldat reste un soldat, on ne peut rien faire contre cela. Il a son ADN, sa façon de faire. Mais nous avons essayé de faire les choses de manière organisée.»
Sur le plan économique, l’ancien Premier ministre met en avant le projet Simandou, qu’il considère aujourd’hui comme un acquis majeur. « C’est aujourd’hui le plus grand investissement du siècle en Guinée. C’est le plus grand projet minier et d’infrastructures, avec environ 20 milliards de dollars d’investissements, comprenant des centaines de kilomètres de chemins de fer et d’infrastructures associées. Vous ne verrez pas cela ailleurs en Afrique à cette échelle. »
Il estime que cette dynamique est liée à un retour progressif de la stabilité. « On est passé d’un régime autocratique à un coup d’État, puis à une tentative de restauration de la confiance du peuple, en mettant en place la prééminence du droit », a-t-il affirmé, ajoutant que « cette stabilité a permis d’attirer des investissements massifs. »
Mohamed Beavogui souligne également la continuité de l’État pendant la transition. « Nous avons respecté tous les accords préexistants signés par les gouvernements précédents », car, selon lui, « l’État doit s’inscrire dans la continuité. »
Pour terminer, il rappelle le potentiel minier du pays et l’enjeu de la gouvernance. « Mon pays possède environ un tiers des réserves mondiales de bauxite », dit-il avant de conclure que l’essentiel reste « un État de droit, des institutions crédibles, et une gouvernance qui mette les ressources au service du peuple », tout en appelant à « sortir l’ego de l’équation ».

