Elhadj Nouhou Barry est l’une des victimes du massacre du 28 septembre 2009 qui a témoigné ce lundi 17 avril, devant la barre du tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry. Il a expliqué comme ses prédécesseurs, ce qu’il a vécu au stade.
À l’entame de ses explications, Elhadj Nouhou Barry a fait savoir qu’il était au stade avec son frère. Selon lui, les tirs ont commencé aux environs de 11 heures lorsque les hommes en uniforme ont fait leur entrée dans le Stade.
« Quand je suis arrivé au stade avec mon frère, on a effectué des prières avant de monter sur la pelouse. Aux environs de 11 heures les tirs ont commencé, mon frère m’a dit qu’est-ce qu’on va faire, je lui ai dit que chacun n’a qu’à chercher à se sauver. C’est en ce moment j’ai jeté un coup d’œil au niveau de la tribune, j’ai vu qu’ils sont en train de bastonner les leaders politiques. Il y avait des gens habillés en maillots Chelsea qui portaient de cauris. On a tenté de sortir, mais les bérets rouges venaient, ils tiraient, nous sommes allés vers Marocana, là-bas aussi ils avaient tiré sur les lignes électriques, les fils sont tombés dans l’eau. Les gens tombaient là-bas et ils y mourraient (sous l’effet de l’électrocution). On a tourné encore, c’est en ce moment ils ont tiré sur mon frère au niveau de son pied et au niveau de sa poitrine, il est tombé sur place. Les bérets rouges venaient. Je suis tombé, j’ai fait semblant de mourir, ils m’ont frappé, ils ont retiré mon téléphone, ils ont cassé mon bras, ils m’ont enlevé mes dents. J’ai toutes les images qui attestent ce que je dis ici », a témoigné la victime en larme.
A l’image de certaines victimes, Elhadj Nouhou dit avoir été secouru par la Croix rouge qui l’a transporté à l’hôpital Donka, mais il était déjà dans le coma.
« Quand je me suis réveillé j’ai dit à quelqu’un de me donner son téléphone, j’ai appelé un de mes frères je lui ai annoncé que mon grand frère Amadou Oury est mort. Malgré ça, les bérets rouges sont venus à Donka, ils ont saccagé la pharmacie, ils voulaient s’introduire dans l’intention de nous chercher, mais les médecins leur ont dit que ce n’est pas possible. Moi j’ai dit à mes frères que je ne vais pas rester là-bas, on m’a pris et on m’a amené à la clinique Mère et Enfant où je suis resté aliter un an 6 mois. C’est là-bas, beaucoup d’autres victimes m’ont rejoint », a-t-il ajouté. Toujours, selon la victime, le corps de son frère n’a jamais été retrouvé.
Plus de 10 ans après les événements, la victime dit n’avoir pas recouvert totalement sa santé. Il lance un appel au tribunal. « Je demande au tribunal et aux bonnes volontés de m’aider pour que je puisse me soigner. Chaque deux trois jours je ressens de la douleur ».
L’ouverture de ce procès est un ouf de soulagement pour Elhadj Nouhou Barry, qui plaide pour que justice soit rendue dans l’affaire du 28 septembre.