Alors qu’elles sont interdites par la junte au pouvoir sur toute l’étendue du territoire national depuis le 13 mai 2022, et que la violation de cette interdiction a toujours été réprimée dans le sang sur l’Axe, des manifestations se sont déroulées à Kankan et Kaloum sans faire l’objet d’une intervention des Forces de défense et de sécurité. Comment expliquer cette dualité dans un même pays?
Sans aucune information préalable des autorités locales, des jeunes sont sortis manifester leur soutien aux actions du Cnrd dans la commune urbaine de Kankan, le dimanche 13 août 2023. «Vive la transition», « vive le CNRD», « vive colonel Mamadi Doumbouya», «nous voulons le changement», ont-ils scandé.
Du berger à la bergère, des jeunes du RPG Arc-en-ciel, l’ex parti au pouvoir, ont, eux aussi, organisé dès le lendemain une autre manifestation anti-junte dans la capitale Conakry plus précisément au centre-ville de Kaloum.
Dans les deux cas, tout s’est passé sans incidents. Les autorités qui, pourtant n’ont jamais été avisés, n’ont pas trouvé lieu de déployer les Forces de défense et de sécurité pour faire observer l’interdiction comme elles l’auraient fait sur l’Axe. Peut-on imaginer un seul instant qu’un mouvement de revendication, spontanée ou pas, puisse se dérouler dans les quartiers de Hamdallaye, Bambeto et Cosa sans qu’on assiste à une intervention musclée des agents ? Sans qu’il n’y ait aucun mort, aucun blessé et aucune arrestation? Pas moins de 20 jeunes ont été tués depuis l’avènement du Cnrd au pouvoir, le 5 septembre 2021.
Pourquoi ce deux poids deux mesures? L’Axe est-elle une zone de non-droit où des forces de sécurité puissent réprimer en toute impunité? Y-a-t-il deux types de Guinéens ? C’est une réalité qu’on a observé ces dernières années. Cette dualité dans la gestion des manifestations donne raison à ceux qui soupçonnent des «tueries ciblées sur l’Axe».