Le paysage politique guinéen est en perpétuelle mutation, peuplé d’acteurs souvent dépourvus de convictions. Les alliances se font se défont au gré des intérêts politiques, laissant entrevoir un tableau chaotique. De surcroît, l’alternance au sommet de l’État n’a jamais véritablement incarné la volonté populaire exprimée dans les urnes. Cette situation suscite une vive frustration chez le leader du MoDeL, qui déplore cette absence de représentativité.
Dans une interview sur GTV1, Aliou Bah a déploré cette situation nuisible au combat politique en Guinée. “C’est très compliqué de composer avec beaucoup de nos compatriotes. Mais c’est aussi un fait de la nature, ce n’est pas une réalité propre à la Guinée. La politique dans beaucoup de pays est faite de roublardises. Je crois que même dans les grandes démocraties, il y a des acteurs politiques, comme on le dit, qui évoluent au rythme du vent. Et ce qui est encore au moins le fait que ces alliances soient fragiles ou que les gens ne soient pas fiables, c’est le fait qu’on n’ait pas un système compétitif sur le plan électoral. Cela a été suffisamment prouvé qu’en Guinée, ce ne sont pas les élections qui donnent le pouvoir, ce sont les manœuvres politiques. C’est la force qui donne le pouvoir, malheureusement, dans notre pays”, at-il déclaré.
Pour sortir de cet engrenage, il est nécessaire d’avoir des élections libres et transparentes permettant aux citoyens de choisir leurs dirigeants, selon l’acteur politique. “S’il y avait des compétitions électorales réelles, transparentes, un État, parce que ça, ça nous manque vraiment : un État dans le vrai sens du mot, et que les élections locales s’organisent, que les élections nationales s’organisent , je crois qu’on aurait quand même eu une certaine clarté, une certaine transparence dans les alliances politiques”.
Par ailleurs, Aliou Bah a déploré le fait que “la politique est devenue un business” pour la plupart des acteurs politiques. “L’objectif de tout le monde, c’est d’aller se faire nommer et d’utiliser son poste comme un tremplin de propulsion pour des intérêts financiers, pour des intérêts ethniques et pour des intérêts politiques. Donc, je ne crois pas nécessairement à la bonne foi de tous, mais il y a des acteurs politiques sérieux dans notre pays qui font ce qu’ils peuvent. Mais c’est très compliqué lorsque l’environnement est globalement pourri. Moi, j’ai toujours dit que la Guinée, c’est le récipient qui est rouillé, c’est-à-dire que ce qui se dit État est complètement rouillé. Donc, tout ce qu’on met dedans est impropre à la consommation”, a-t-il conclu.
