En Conseil des ministres, jeudi 13 août 2020, le président Alpha Condé a instruit à son ministre de l’Hydraulique de diligenter le lancement du 4ème projet eau dans le cadre de l’amélioration de la desserte en eau potable à Conakry et dans les villes de l’intérieur du pays.
En ce qui concerne «la problématique de la desserte en eau potable» dans la capitale et à l’intérieur, le ministre Papa Kourouma a fait savoir que «la détérioration significative de la qualité du service dans toutes les villes actuellement desservies par la Société des Eaux de Guinée (SEG) s’explique par la vétusté des équipements, le déficit d’énergie électrique, l’envahissement des sites de production et la limitation des capacités techniques».
«A date, a-t-il mentionné, le taux d’accès des populations urbaines a l’eau potable, à travers les réseaux de la SEG, est d’environ 31% avec une desserte par intermittence » en deçà de «l’objectif de 75,6% fixé dans le PNDES (2016-2020)»
Face à cette situation, le Ministre a déploré une prolifération dangereuse de forages de type privé réalisés tant à Conakry et dans les villes de l’intérieur pour la satisfaction des besoins en eau potable des populations.
En fin 2019, a-t-il rappelé, l’étude du Schéma Directeur d’Alimentation en Eau Potable du Grand Conakry Vision 2040, réalisée sur financement de la Banque mondiale, estime les besoins de production d’eau potable pour la ville de Conakry à 370 000 m3/jour pour une population de 2,6 millions d’habitants. Alors que la capacité de production existante étant de 150 000 m3/jour, il se dégage un déficit de 220 000 m3/jour (environ 59%).
Pour parer à ce déficit, le ministre a fait savoir qu’un investissement urgent s’impose pour le renouvellement des systèmes filtrants et la construction d’un ouvrage de décantation en tête de source de Yéssoulou 2 et 3, afin de couvrir les besoins jusqu’en 2030 dont le coût global des différents projets est estimé à 861 millions de dollars US.
Concernant les villes de l’intérieur du pays, Papa Kourouma a estimé les besoins de financement à 800 millions de dollars US pour, a-t-il soutenu, mettre en adéquation les capacités à installer et les besoins en eau des populations à l’horizon 2040.
Mobilisation des ressources
Château d’eau de l’Afrique de l’Ouest, selon le ministre, la Guinée dispose d’un énorme potentiel de ressources en eau qui lui offre d’importantes opportunités en matière de développement d’énergie hydroélectrique, d’agriculture, d’alimentation en eau, d’industrie, de transport fluvial, d’élevage et de la pêche. Mais, a-t-il souligné, «la mobilisation des ressources financières indispensables à la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) s’avère nécessaire ». Etant donné que dans le secteur de l’hydraulique, le mécanisme de financement repose principalement sur l’Etat, les Partenaires Techniques et Financiers et le Fonds de l’hydraulique. «Malgré la volonté politique qui se traduit par un engagement réel de mobiliser les ressources financières internes, le Fonds de l’hydraulique est confronté à de nombreuses difficultés parmi lesquelles, le non recouvrement des redevances dues aux prélèvements et aux turbinages des ressources en eau par certains gros usagers notamment: les Sociétés de production d’énergie hydroélectrique (société de gestion de Kaléta et celle de Souapiti en construction), les Sociétés minières notamment la CBG, la SBK, la société GAC, la SMB. Le manque à gagner est estimé à plus de mille cinquante-trois milliards GNF».
Au terme du débat, le Conseil a demandé au ministre de l’Hydraulique de se mettre en rapport avec les ministres économiques en vue d’élaborer un dossier complet portant sur la structuration du financement du secteur de l’hydraulique à soumettre au pool économique dans un délai de deux semaines.