Le débat sur la composition de la haute autorité de la communication (HAC), fait coulé d’encre et de salive ces derniers temps au sein du milieu médiatique guinéen.
Tout est parti de l’annonce de la relecture de la disposition de la loi portant sur la mise en place de l’équipe de l’organe en charge de régulariser les médias en Guinée, qui réserverait désormais deux places à la presse en lieu et place de cinq comme cela a été défini dans l’ancien code.
Depuis, la situation inquiète les hommes de médias, qui y voient une volonté manifeste des autorités guinéennes de vouloir mettre en rude épreuve, la liberté de la presse en Guinée.
Interrogé sur la question, cette semaine dans l’émission “Africa 2015” de la radio nostalgie, Moussa Iboun Conté, a appelé à l’union sacrée de tous les journalistes, afin de préserver ces acquis démocratiques obtenus sous un régime militaire.
Pour le journaliste et ancien président de l’association guinéenne des éditeurs de la presse indépendante (AGEPI), les hommes de médias de tout catégorie confondu doivent mettre de côté leur divergence afin de faire face à cette réalité qui menace la corporation.
« Il faut dire que c’était prévisible avec le changement de la majorité à l’Assemblée nationale. Si non, les premiers cadres juridiques et institutionnels étaient bien encadrés, il y avait des verrous qui étaient très solides qu’on ne pouvait pas faire sauter. Parce que pour changer ces lois il fallait avoir les deux tiers des députés ce qui n’était pas le cas. Mais avec la nouvelle donne à l’Assemblée où la majorité présidentielle a plus de 70 députés et la conséquence de cela est que toutes les lois organiques vont être remises en cause. Ça dépendra du bon vouloir de cette majorité. Nous avons toujours prôné à ce qu’il y ait une sorte de synergie entre les associations professionnelles de médias. Mais ce qui se passe quand on s’agit de choisir des représentants pour la haute autorité de la communication chacun essaie dans son périmètre de choisir des gens en excluant ceux qui se battent corps et âme pour la liberté de la presse. C’est le cas notamment du syndicat de la presse privée (SPPG).”
“Ça veut dire que même à notre niveau on est pas prêt pour le changement. Donc, notre manque de solidarité constitue notre faiblesse. C’est pourquoi y a des failles dans la sécurité même des journalistes. Aujourd’hui le pouvoir public pense que la presse privée échappe à son contrôle. La tendance générale qui est en cours c’est de pouvoir contrôler les medis, c’est de pouvoir contrôler le contenu des informations que nous diffusons. Donc la seule chose qui nous reste c’est notre solidarité et l’apport des partenaires multilatéraux du secteur tels que la fondation des médias pour l’Afrique de l’ouest et la fondation OSIWA je crois qu’on peut organiser une sorte de synergie au niveau national et international pour faire comprendre au pouvoir public que nous devons pas perdre ces acquis là. Parce que c’est un recul grave pour la liberté de la presse et la liberté d’expression » a déclaré Moussa Iboun Conté.