Dans cette interview, le député de l’Ufr s’insurge pour dénoncer «l’amateurisme» du ministre de l’Administration dans l’installation des conseillers communaux. Par rapport à l’audit du fichier électoral, honorable Saïkou Yaya Barry souhaite qu’il puisse apporter la transparence dans les élections. Il annonce également que l’UFR ne sera pas en reste dans la lutte contre d’éventuelles velléités anticonstitutionnelles du chef de l’Etat.
Quel est votre avis sur le rapport final de l’audit du fichier électoral ?
C’est des techniciens qui ont travaillé à la demande de l’Accord politique du 12 octobre 2016. Cela nous permet d’obtenir, si nous l’utilisons à bon échéant, un fichier propre. Nous avons un fichier tripatouillé de par beaucoup d’opérateurs techniques. Nous avons eu Sagem, Sabary technology et Waymark. L’audit nous amène à comprendre ce que nous avons dans le fichier qui est un patrimoine national. Nous devons faire en sorte que ça soit propre parce que nous ne le faisons pas pour des individus, mais pour l’Etat pour rendre les élections plus transparentes en Guinée.
Avant le rapport final, il y a eu le rapport synthèse provisoire et le rapport provisoire. Est-ce que l’Ufr avait formulé des recommandations?
Effectivement, parce que nous avons des représentants au sein du Comité d’audit qui sont chargés d’exprimer les desideratas du parti par rapport à ce fichier. Nous avons estimé qu’il faudrait faire repasser les citoyens devant des commissions pour se faire enregistrer. Cela afin d’obtenir un nouveau fichier crédible aux yeux de la population et aux partenaires internationaux pour nous aider à financer les élections nationales dans notre pays.
Ne pensez vous pas qu’un nouveau recensement puisse servir de prétexte pour retarder les législatives prévues dans le 1er trimestre 2019?
En tout cas, si ce n’est pas un nouveau recensement que les citoyens repassent quand même devant des commissions pour confirmer leur présence dans le nouveau fichier et ou pour se faire valider. Il est inconcevable qu’on ait 6 millions d’électeurs pour une population de 12 millions des guinéens, soit la moitié.
Quel est votre constat sur l’opération d’installation des conseillers communaux ?
Le ministère de l’Administration du territoire a joué à l’amateurisme. Il devait faire en sorte que les états majors des partis politiques soient au courant de la façon dont les élections doivent se tenir. Le chronogramme et la façon dont les exécutifs communaux doivent être installés doivent être connus des tous les partis politiques. Cela n’a pas été suffisamment fait. Le ministère devait pouvoir user des instruments qu’il a, notamment, les préfets et les sous-préfets, pour avoir une information générale sur l’évolution et l’atmosphère qui peut régner pour corriger s’il y a des tensions pour qu’on arrive a l’installation des exécutifs communaux. Cela n’a pas été fait. Autre chose très importante, c’est le fait que le parti au pouvoir a présenté des candidatures aux élections communales sans tête de liste. Ayant le pouvoir, certains préfets et sous-préfets peuvent freiner les dates indiquées pour l’installation des ces exécutifs communaux parce que le parti au pouvoir ne parvient à s’entendre sur le choix de son candidat à la mairie. Ça vient de se faire à Tanéné où l’installation n’a pas eu lieu ce jeudi 11 octobre 2018 parce qu’il y a une tension. Ces problèmes devaient être gérés à l’interne du parti, malheureusement ça n’a pas été fait à temps.
L’opposition républicaine a dénoncé des irrégularités et également annoncé le rejet des élections dans certaines communes. Est-ce le cas de l’Ufr?
Pour le moment, le Bureau politique national ne s’est pas retrouvé pour décider quoi que ce soit. Nous savons qu’il y a de cas où les accords n’ont pas été respectés, mais il y en a où cela a été respecté. Mais je ne pense pas que revenir sur les questions là est fondamental. Mais normalement, chacun devait respecter l’engagement qu’il a eu à prendre pour faire en sorte que l’accalmie règne.
Un Front pour contrer d’éventuelles velléités anticonstitutionnelles est en train d’être constitué regroupant acteurs politiques et sociaux. Que pensez-vous de cette initiative?
Toute idée qui peut améliorer la démocratie dans notre pays est bien. Nous souscrirons à ce genre d’engagement. Pour ma part, il est important de savoir que, jusqu’à preuve du contraire, le président de la République n’a pas encore annoncé sa volonté réelle de changer la Constitution. Mais, il est important que les gens s’organisent afin d’éviter que cela nous arrive dans notre pays. L’actuel président de la République était avec nous dans les Forces vives en 2006 contre la mauvaise gouvernance au temps de Lansana Conté. On ne se cachera pas pour faire en sorte que le combat que nous menons soit au bénéfice de l’ensemble des citoyens guinéens quand cela se poserait. Au moment venu, vous verrez l’Ufr dans la lutte pour faire en sorte que les lois soient respectées. Ce débat doit être ouvert à l’ensemble des guinéens pour le respect de notre Constitution. Je crois que le président de la République va savoir raison gardée pour ne pas tenter de violer cette Constitution parce qu’il sait fondamentalement ça ne peut pas lui être profitable. Il aime la Guinée et les guinéens, il respectera la Constitution sur la base de laquelle il a été élu pour son premier et second mandat. Pour moi, changer cela est suicidaire pour lui.
Quelle est votre position par rapport à la ville morte?
L’Ufr n’est pas concernée par les décisions prises en dehors d’elle.
Réalisée par Abdoul Malick Diallo