Au cours de cette interview que l’épouse du chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo, nous a accordé ce mercredi 11 mars 2020, il était question de la fête internationale des femmes célébrée chaque 8 mars, la gratuité de la césarienne et d’autres difficultés auxquelles font face les femmes guinéennes au quotidien. Hadja Halimatou Dalein Diallo, s’est prononcée par la même occasion sur la situation sociopolitique du pays fortement dominée par le combat contre la nouvelle constitution prônée par le pouvoir en place.
Lisez!
Guinée360: À l’image des autres pays du monde, la Guinée a célébré le 8 mars dernier la journée internationale des droits de la femme. Quelles sont vos impressions par rapport à cette fête dédiée à la femme ?
Halimatou Dalein Diallo : D’abord je profite de cette occasion pour souhaiter bonne fête à toutes les femmes du monde et plus particulièrement à la femme guinéenne, qui est là, qui se bat et qui est courageuse.
Quel regard portez-vous sur le respect des droits des femmes dans notre pays ?
Les droits des femmes ne sont pas respectés en Guinée, parce que nous voyons que les femmes sont brimées en longueur des journées, les femmes sont emprisonnées. Des femmes qui ont été arbitrairement arrêtées lors d’une manifestation du FNDC ont été libérées hier soir. Et vous avez vu cette femme qui a été utilisée comme bouclier à Wanindara et la femme enceinte qui a accouché suite à une descente des forces de l’ordre dans son domicile. C’est vous dire qu’aujourd’hui les droits des femmes en Guinée laissent à désirer.
Plusieurs jeunes filles sont soumises au mariage précoce. Il y a des femmes qui sont victimes de violences physiques. Pourquoi selon vous ce phénomène prend-il une ampleur en Guinée ?
C’est parce qu’il y a l’impunité, il n’y a pas de sanction. Les gens pensent que tout est permis, chacun fait ce qu’il veut. C’est l’impunité totale qui est garantie à ceux qui violent régulièrement les femmes dans le pays.
Quelles sont les difficultés que les femmes guinéennes rencontrent aujourd’hui ?
Les préoccupations des femmes n’ont jamais été une priorité pour ce gouvernement. Pourtant dans tout Etat sérieux, c’est l’éducation et la santé qui doivent être comme une priorité. Mais quand vous partez dans les hôpitaux vous voyez les conditions dans lesquelles ces femmes accouchent. L’odeur qui se dégage dans ces hôpitaux c’est vraiment pitoyable.
Pourtant le président Alpha Condé avait annoncé lui-même, la gratuité de la césarienne dans nos hôpitaux ?
Oui, le président en personne avait annoncé que la césarienne était gratuite et cela allait être une bonne chose. Mais malheureusement, cela n’a jamais été respecté. D’abord une fois à l’hôpital pour accoucher, les médecins demandent une forte somme, et si vous entrez dans la maternité, parce que moi chaque fois je suis dans les hôpitaux où les femmes accouchent. Si vous voyez aussi où les bébés sont couchés, les saletés sont partout. C’est vraiment terrible et c’est choquant. C’est pour vous dire que dans ce domaine là aussi le gouvernement a échoué.
Selon vous qu’est-ce qu’il faut pour changer la donne ?
Le problème c’est parce qu’il y a la mal gouvernance dans le pays. Avec une bonne gouvernance tout peut changer. On fait appel aux femmes quand il s’agit de chanter, danser et pour faire la propagande et de la mamaya. Les femmes guinéennes aujourd’hui n’ont aucun respect dans la société. Pourtant elles méritent le respect. Sans la femme la vie n’existe pas.
Vous êtes aussi une femme très active dans le combat politique. On vous voit sur le terrain. Quel regard portez-vous sur la lutte contre le changement constitutionnel ?
Je suis sur le terrain avec mes petits moyens pour accompagner mon mari dans son combat pour accéder à la magistrature suprême de ce pays, pour rehausser un peu le niveau de vie des Guinéens, pour que la femme guinéenne ait le respect qu’elle doit avoir. Par conséquent je l’accompagne. Et puis je fais ce que je peux dans ce sens.
Pensez-vous que le combat que mène votre mari avec ses pairs du FNDC pour empêcher Alpha Condé de changer la constitution va aboutir ?
Oui bien sûr. Nous espérons que ça va aboutir. Nous sommes convaincus que nous allons réussir ce combat parce qu’il n’est pas question de laisser la Guinée dans les mains de ceux qui veulent tripatouiller la constitution.
Hadja Halimatou Dalein Diallo merci
C’est à moi de vous remercier.
Entretien réalisé par Amadou Diouldé Diallo