Le procès des massacres du 28 septembre, a connu un autre tournant dans la soirée du lundi 10 octobre 2022. Dans les débats sur le fond du dossier, les propos d’un avocat de la partie civile ont semblé offensant envers le colonel Moussa Tiégboro Camara à la barre. Par conséquent, sa défense a exigé des excuses pour la reprise des audiences.
«Est-ce que vous n’êtes pas en train de mentir ?» C’est la question qui a irrité la colère du col et ses avocats. Par la suite le président du tribunal Ibrahima Sory 2 Tounkara a décidé de suspendre l’audience pour environ 30 minutes.
Dès la reprise, le tribunal a annoncé un renvoi de l’audience pour ce mardi 11 octobre 2022, mais les avocats de la défense ont exigé que l’avocat incriminé retire ses propos qui offensent leur client.
«Voilà ça (l’audience) s’est terminée finalement, par un incident comme vous l’avez constaté. Quand un citoyen est à la barre, il doit être traité avec tous les égards. Sa dignité ne doit pas être compromise et ce qui vient de se passer, quand un des avocats de la partie civile indique et réitère que “le colonel est un menteur”. Tant que ces propos ne sont pas retirés, nous ne sommes pas prêts à continuer ce débat […]. C’est une manière d’obtenir des éléments à charge contre mon client», a indiqué Me Jean Moussa Sovogui, l’un des avocats de l’ancien secrétaire général à la présidence, chargé de la lutte contre la drogue et le crime organisé.
Par ailleurs, il souligne que la défense de Moussa Tiégboro Camara n’a pas l’intégralité des pièces, pour pouvoir le défendre avec efficacité. A l’en croire, les débats ne sont pas contradictoires et équilibrés pour le moment: «Au terme de l’article préliminaire du code de procédure pénale, alinéa 1, le procès doit être équitable, contradictoire, et préserver l’équilibre de toutes les parties. Nous estimons, pour le moment que le procès n’est pas contradictoire. Comme le tribunal a indiqué que les pièces demandées seront communiquées par la suite, nous avons accepté de continuer les débats.»
Le tribunal a effectivement annoncé qu’il existe des documents audiovisuels contenant des preuves. Cependant, le président a porté à l’attention de tous les avocats que les cassettes doivent être converties aux formats actuels pour être visionnées ou écoutées par tous. Il rassure que ce travail est en cours. Toutefois l’avocat ne cache pas sa colère contre ce préjudice et les accusations qui selon lui, n’ont aucune preuve.
«Vous avez vu, à la suite de la narration des faits par mon client, les questions posées par le tribunal, le parquet et certains avocats de la partie civile […]. Un procès pénal se caractérise par la production des preuves. Vous ne pouvez pas vous limitez aux déclarations fantaisistes qui peuvent être faites par les parties civiles ou les témoins, qu’on ne connait même pas, qui sont sortis de nul part, qui racontent leur vie dans les procès verbaux. Au moment venu, nous serons prêts à les démonter un à un. C’est pourquoi mon client avait exigé depuis l’instruction, que toutes ces personnes là comparaissent pour qu’il y ait une confrontation sérieuse. C’est à la suite, qu’on verra ce qui s’est passé. Au-delà, quand vous accusez quelqu’un de meurtres, vous devez être à même d’apporter des preuves sérieuses. Quand vous parlez d’assassinat, il faut par exemple, établir dans quelle circonstance il y a eu préméditation et guet-apens parce que là, il s’agit d’un meurtre qui est aggravé», a martelé Me Sovogui.