Bien qu’exclu du parti depuis le 22 juin 2022 pour « faute grave » après qu’il ait été nommé dans le gouvernement de la transition, Ousmane Gaoual Diallo ne s’avoue pas vaincu, pourtant. D’emblée, il faut affirmer que le retour de l’ancien coordinateur de la cellule communication de l’Ufdg est un leurre.
Dans sa décision, le président de l’Ufdg avait motivé l’exclusion du responsable de la communication en ces termes : « Considérant que : Depuis sa libération de prison, le 16 juillet 2021, M. Ousmane Gaoual Diallo, membre du Conseil Politique, Coordonnateur de la Cellule de Communication de l’UFDG, n’a participé à aucune activité du Parti sans aucune explication. M. Ousmane Gaoual Diallo a été nommé ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire et porte-parole du Gouvernement sans autorisation ni informations préalables du parti. Depuis il mène une campagne de dénigrement des responsables du parti et des actions de nature à déstabiliser l’UFDG. Il attaque dans la presse les positions et les décisions du parti qu’il s’emploie à tourner en dérision. Monsieur Ousmane Gaoual par ses actes, ses propos et ses comportements, viole délibérément les Statuts du parti, notamment ses articles 10, 11, 12 et 13 et son Règlement Intérieur, notamment ses articles 48, 49, 50 et 51. Et Prenant acte de la décision du Conseil Politique du 1er juin 2022 excluant Monsieur Ousmane Gaoual Diallo de l’UFDG. Article 1 : Entérine cette décision excluant Monsieur Ousmane Gaoual Diallo du parti. » Telle était la décision entérinée et rendue par Cellou Dalein Diallo, le 1er 2022.
Le ministre porte-parole du gouvernement crie à une violation des statuts de l’Ufdg et accuse son ancien mentor de caporaliser le parti. « L’évolution de la situation montre qu’il est de plus en plus isolé, suggère que la décision en question, souvent perçue comme illégale, tente à présent de se dissimuler derrière ces déclarations de soutien. Néanmoins, une déclaration de soutien ne peut en aucun cas légitimer ni remplacer le congrès qui demeure la seule instance de réglementation et le fondement de notre démocratie interne et de notre transparence », a souligné Gaoual appelant à exclure « tout compromis avec des décisions illégales » et « à mettre fin à toute forme de dictature interne » au sein de l’Ufdg.
Le père a la rescousse du fils…
Se présentant comme « doyen de et président du conseil des sages de l’Ufdg », M. Mamadou Saidou Diallo, le père de Ousmane Gaoual, s’est fendu un courrier dénonçant la décision du président du parti excluant son fils. « L’exclusion définitive et les radiations au sein de l’UFDG relèvent exclusivement du congrès national et non de son président ».
Il ajoute que « personne, y compris le président du parti, ne peut agir en tant que substitut à ce conseil pour juger des manquements allégués d’un militant ou d’un responsable, au risque d’apparaître juge et partie ».
Cette sortie a suscité en nous cette interrogation. Pourquoi Bah Oury n’avait-il pas bénéficié d’un tel soutien de sa part ?
Gaoual est parti et ne reviendra pas…
En tout cas, Cellou Dalein est intransigeant. «Il est exclu du parti pour faute grave. Il n’a pas à donner son avis par rapport à ce qui se passe à l’intérieur ».
Ousmane Gaoual n’est pas le premier cadre avoir été exclu de l’Ufdg. Avant lui, il y avait eu d’autres décisions. Dont la plus retentissante est celle du 4 février 2016, portant exclusion de Bah Oury, membre fondateur du parti et qui, jusque-là, en était le 1er vice-président. Le lendemain, le duel avait tourné en affrontement entre les deux factions au siège à Commandaya, où le journaliste Mohamed Koula Diallo avait été tué par balle.
M. Bah avait, lui aussi, contesté son exclusion devant la justice. En juin 2019, la Cour d’appel de Conakry avait confirmé le verdict du Tribunal de première instance de Dixinn invalidant son exclusion des instances politiques de l’UFDG. Celui-ci dont la « dignité et la crédibilité avaient été restaurées » par l’arrêt de la Cour Suprême avait fini par comprendre qu’il perdait son temps et son énergie et ne pouvait donc pas réintégrer le parti.
« On a aboli le mariage forcé. Nous avons divorcé avec Bah Oury. Peu importe, on va dire qu’il a gagné. J’espère qu’il viendra ici avec les militaires pour l’installer comme vice-président de l’Ufdg. Ou lorsqu’on sera convoque c’est lui qui va répondre. M. Bah Oury n’a réellement rien à faire. S’il avait vraiment la préoccupation de continuer dans la politique, il aurait compris que nos chemins ont pris des directions différentes. Il aurait créé sa formation politique et continué à avancer. Être président ou vice-président de l’Ufdg cela dépend des militants. S’il avait les militants cette question ne se poserait pas. Mais il perd du temps et il veut nous faire perdre du temps et cela ne marchera », disait à l’époque Ousmane Gaoual Diallo.
Bah Oury avait fini par se résigner à quitter l’Ufdg. Aujourd’hui, il est l’actuel président de l’UDRG. A l’annonce de l’exclusion de Ousmane Gaoual Diallo, l’ancien ministre de la Réconciliation nationale avait demandé à celui-ci de faire preuve de réalisme dans l’émission Mirador sur Fim Fm, du lundi 6 juin 2022. «C’est une question qui concerne la vie interne d’un parti auquel je n’appartiens plus. Bien que je dis à M. Gaoual de faire preuve de sens de responsabilité, de réalisme et de se projeter dans le futur. Actuellement, il a une mission pour la République qu’il l’assume sérieusement et conséquemment. Le reste est entre les mains de Dieu».
«Qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel, c’est qu’on parle de moi». Les hommes politiques y font souvent recours à cette citation de Léon Zitrone. Ousmane Gaoual s’en sert aussi pour narguer ses «anciens amis» afin d’exister sur la scène politique. Car, il le sait bel et bien, plus que quiconque, qu’il n’a aucune chance de revenir à l’Ufdg.