Face aux manifestations d’élèves et à la montée des tensions dans les établissements scolaires, le ministère de l’Éducation nationale et de l’alphabétisation hausse le ton. Dans cet entretien accordé à Guinée360, son porte-parole Mohamed Ansa Diawara accuse des “perturbateurs” d’instrumentaliser les élèves, s’interroge sur le retrait des responsables syndicaux de la table des négociations et réaffirme la volonté du gouvernement de relancer le dialogue.
Guinée360 : Comment réagissez-vous aux manifestations d’élèves observées depuis lundi à travers le pays ?
Ansa Diawara : Nous considérons ces manifestations comme une provocation et une perturbation de la quiétude scolaire. Elles empêchent ceux qui veulent travailler d’accéder aux cours. La grève est un droit, certes, mais travailler est aussi à la fois un droit et un devoir. On peut choisir de ne pas travailler, mais personne n’a le droit d’empêcher les autres d’étudier ou d’enseigner. C’est pourquoi le ministère a décidé de porter plainte contre X, aussi bien à la gendarmerie qu’à la police. Certains élèves ont été blessés, des cours perturbés, et cela est inacceptable.
Tenez-vous les syndicats pour responsables de ces troubles ?
Je n’ai mentionné aucun syndicat. Les syndicats sont connus. Or, ceux qui viennent perturber les cours ne sont pas, à notre connaissance, des syndicalistes.
Ces manifestations interviennent parce que des enseignants ont décidé de suivre la grève. Le ministère a-t-il envisagé de nouvelles négociations avec l’intersyndicale SNE-FSPE ?
Nous sortons justement d’un cycle de négociations auquel notre ministre, Jean-Paul Sidi, a pleinement participé. La table de discussion réunissait le gouvernement et les syndicats. Tout a été mis sur la table, ce qui rend leur retrait très surprenant. Le SNE et la FSPE se sont retirés alors que la discussion se poursuivait. Nous ne comprenons pas qu’on quitte une table qu’on a soi-même demandée, pour ensuite déclencher une grève. Normalement, la grève vise à obtenir une négociation, mais nous étions déjà en train de négocier. Cela reste incompréhensible.
Pour revenir aux négociations, parlez-vous d’une séance tenue récemment ou de discussions antérieures ?
Je parle de la première négociation qui a été ouverte. C’est au cours de cette séance que les deux syndicats se sont retirés. Il n’y a pas eu de nouvelle négociation depuis. Avant celle-ci, des discussions informelles avaient même été menées pour rapprocher les syndicats entre eux. Le gouvernement n’a aucun conflit interne ; les divergences sont plutôt du côté syndical. Une fois unis, nous étions prêts à les écouter. Mais nous ne comprenons toujours pas pourquoi ils ont quitté la table qu’ils avaient réclamée.
Vous avez également évoqué la présence d’enseignants contractuels non retenus qui inciteraient les élèves à perturber les cours. Que pouvez-vous en dire ?
Nous avons reçu des informations selon lesquelles certains enseignants contractuels non retenus, seraient en train de pousser les élèves à déloger les classes en cours. Si cela est confirmé, ces personnes ne sont plus des enseignants, encore moins des élèves. Ce sont des perturbateurs et ils seront traités comme tels.
La grève en est aujourd’hui à son neuvième jour. Envisagez-vous de rappeler les syndicats pour apaiser la situation ?
Bien sûr. Nous restons ouverts et disponibles. Ils peuvent être rappelés à tout moment. Mais encore une fois, leur attitude reste difficile à comprendre, car nous travaillons ensemble, et nous souhaitons qu’ils reviennent au dialogue. Le ministère et le gouvernement restent ouverts à tout dialogue. Les revendications peuvent être discutées partout, mais c’est ensemble que nous devons trouver des solutions. Ce qui est réalisable le sera. Ce qui ne l’est pas ne peut pas être inventé. Nous sommes prêts à reprendre les discussions, mais il faut que la violence cesse dans les écoles.
