Dans un entretien accordé à Guinee360 ce lundi 8 décembre 2025, le secrétaire général du Syndicat national de l’éducation (SNE), Michel Pépé Balamou, est revenu sur les raisons qui motivent la poursuite de la grève. Il a également dénoncé certaines démarches attribuées à son homologue du SLECG, Aboubacar Soumah, qu’il accuse d’avoir changé d’attitude depuis plusieurs années.
Évoquant les événements de 2018-2019, il charge vivement l’ancien leader syndical : « Il y a tout récemment celui, sous des considérations sociologiques subjectives, qui faisait passer ses loubards de porte à porte à Kaloum pour demander aux parents d’élèves de garder leurs enfants à la maison (…) Lui qui a endeuillé des dizaines de familles avec des élèves morts 2018-2019, des voitures caillassées, des passants qui n’avaient rien à voir avec cette grève-là. »
Il estime que Soumah est aujourd’hui mal placé pour critiquer l’intersyndicale :« Je pense qu’il est mal placé pour donner une leçon de morale à l’intersyndicat de l’éducation et à la coordination nationale des enseignants contractuels non retenus. »
Selon lui, la mobilisation actuelle dépasse largement Conakry :
« La semaine passée, les 33 préfectures de l’intérieur du pays n’étudiaient pratiquement pas, sauf à quelques exceptions près (…) Dans les autres communes, dès que les élèves rentrent en salle, ils ferment le portail et interdisent aux élèves d’aller dehors. »
Balamou décrit des élèves excédés, estimant que les inégalités entre public et privé ont contribué à la colère de ce lundi : « Les élèves du public disent que leurs enseignants ne viennent pas étudier et que les gouvernants ont leurs enfants dans les écoles privées… il faut qu’ils aillent empêcher aussi les enfants des gouvernants d’étudier également. »
Sur la signature du protocole contesté, il accuse Soumah d’avoir trahi les enseignants : « Lui qui a signé un protocole de la discorde, de la honte et de l’exclusion […] Aboubacar Soumah n’est que l’ombre de lui-même; il est en perte de vitesse. »
Quant à l’éventuelle reprise du dialogue, il rappelle que l’intersyndicale fonctionne de manière collective :« Dans l’intersyndical de l’éducation, il y a trois syndicats. Un seul syndicaliste ne peut négocier en lieu et place des autres. »
Il rejette catégoriquement toute affiliation politique :« Notre lutte n’est pas politique, elle est purement sociale. Nous ne sommes manipulés par aucune force politique. Nous ne sommes nullement opposés à ce régime. Mais nous avons demandé un statut particulier. Qu’on nous écoute. »
Le responsable syndical estime enfin que les accusations le visant sont infondées :« Celui qui a été instrumentalisé par l’opposition en 2018 et le FNDC (…) pense que tout le monde est voleur comme lui. »
Il affirme n’avoir jamais rencontré d’acteurs politiques à des fins partisanes et dit se consacrer exclusivement à l’éducation : « Vous n’allez jamais voir un commentaire politique sur ma page Facebook. »
À ses yeux, la mobilisation nationale prouve que les enseignants soutiennent leur cause :« Les enseignants sont pour la vérité. Ils veulent un statut particulier. »
Il termine en avertissant que sans ouverture de négociations sur les points en suspens, le mouvement pourrait se durcir :« Tant que nous ne sommes pas appelés autour de la table pour discuter des 11 points inscrits dans le mémorandum (…) la grève va continuer et nous serons obligés de durcir le ton dans les jours, semaines et mois à venir. »

