À l’occasion de la journée internationale tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF), célébrée chaque 6 février, Amnesty International Guinée en partenariat avec l’ONG Women for Africa (WAFRICA GUINEE) a organisé une rencontre intitulée “Café-échanges des acteurs qui luttent contre les MGF”, ce vendredi 07 février 2020, à son siège à Conakry.
La rencontre a réuni membres des organisations de la société civile œuvrant dans la lutte contre les MGF et acteurs de médias. Elle a permis aux participants de de faire une évaluation de l’impact de leurs actions face à cette pratique en Guinée.
Il ressort que 200 millions de filles sont mutilées dans le monde dont une très grande partie d’entres elles vivent en Afrique. La Guinée est classée 2e pays derrière la Somalie avec un taux de prévalence de 94 pour cent.
Médicalement, l’excision est très néfaste et cause de problèmes d’infections, de stérilité, d’incontinence ainsi que des complications à l’accouchement.
Selon le président des psychologues cliniciens, “l’excision a les mêmes conséquences que le viol. c’est une agression sur le corps de la femme et le pire ce qu’elle subit une ablation d’une partie d’elle sans son consentement. Cela peovoque une conséquence psychologique très grave sans parler des saignements et des fistules obstétricales”.
La Guinée dispose depuis 1968 d’un cadre législatif et institutionnel de repression des Mgf. La responsable de la commission femmes à Amnesty international Guinée regrette toutefois que la non application des lois reste l’un des obstacles. «Nous avons de bons textes, notamment le Code pénal qui incrimine les MGF, mais qui ne sont pas appliqués. Il y a aussi les pesanteurs sociaux, la tradition, la religion, la médicalisation et l’impunité qui constituent les principaux obstacles».
Elle ajoute que «les gens commencent à comprendre que l’excision avec les couteaux comporte d’énormes risques pour la fille ce qui fait qu’au lieu d’aller chez les exciseuses traditionnelles, les parents se tournent maintenant vers le personnel sanitaire. Mais, les gens doivent savoir que les MGF soient faites par un médecin ou par une exciseuse, les MGF sont néfastes pour la santé», a-t-elle souligné.
De son côté, Cdt Soumah Fatoumata Yarie de l’Office de la protection de l’enfance et des meneurs (Opprogem) déplore l’impunité et lance un appel aux autorités judiciaires. «Quand nous sommes mis au courant d’un cas d’excision, nous interpellons les auteurs. Nous orientons les victimes vers la médecine légale pour la prise en charge psychosociale. Quand nous lui déférons les présumés auteurs, nous souhaiterions vraiment que la justice puisse les juger et les condamner», a-t-elle exhorté.
Les réseaux sociaux, une opportunité
«L’avantage c’est qu’on a aujourd’hui les réseaux sociaux qui constituent un moyen de lutte contre toutes les formes de violence pas que l’excision. C’est une opportunité que les jeunes qui constituent plus de la moitié de la population guinéenne doivent saisir pour lutter contre cette pratique», a exhorté Fatoumata Diaraye Bah.
Adama Hawa Bah