L’Intersyndicale de l’éducation, composée du Syndicat national de l’éducation (SNE) et de la Fédération syndicale professionnelle de l’éducation (FSPE), a tenu un point de presse ce mercredi 3 décembre 2025 pour exprimer son opposition au protocole d’accord signé entre le Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) et le gouvernement.
Présidée par Michel Pépé Balamou, secrétaire exécutif du SNE, la rencontre a permis aux responsables syndicaux de dénoncer les conditions de vie jugées indignes dans lesquelles évoluent de nombreux enseignants, ainsi qu’un accord qu’ils estiment “non profitable” à la profession.
“Aujourd’hui, 70 % des enseignants sont logés à Maferinya, à Coyah, à Dubréka et à Bawa. Ils se déplacent pour venir travailler”, a déclaré Michel Pépé Balamou, soulignant l’extrême précarité du logement des enseignants et l’impact direct sur leurs familles.
Selon lui, les difficultés s’amplifient au fil des années : “Au fur et à mesure que les enfants naissent et que la famille grandit, on ne peut plus mettre les filles et les garçons dans la même chambre, et les deux chambres-salon ne suffisent plus. En principe, madame doit avoir sa chambre, monsieur doit avoir sa chambre, les garçons doivent avoir leur chambre, les filles doivent avoir leur chambre, et il faut une chambre pour les visiteurs. C’est ça, un logement décent pour les enseignants.”
Le syndicaliste déplore que, dans les faits, la majorité des enseignants vivent dans des logements exigus : “Aujourd’hui, la plupart des enseignants sont logés dans des chambres-salon. Les enfants dorment au salon, dans les fauteuils ; madame et monsieur dorment dans la chambre. Pourquoi ne pas penser à revaloriser cela, puisque l’État n’a pas construit de logements sociaux pour nous ?”
Michel Pépé Balamou accuse également l’État d’avoir abandonné les domaines destinés aux logements sociaux. “Même les domaines de Keitaya, ici, depuis 2006, sont abandonnés. Il y a même des particuliers qui commencent à grignoter. Ce n’est pas nous qui avons demandé à l’État de ne pas construire de logements sociaux. La compensation du déficit en logements sociaux doit être reversée dans nos indemnités de logement.”
Il alerte en outre sur la flambée des loyers, devenue insoutenable : “Deux chambres-salon, aujourd’hui, coûtent au minimum 2,5 millions. À Kipé, à Lambagny, c’est 3 millions, 3,5 millions. Donc ça veut dire quoi ? Ça veut dire que le protocole d’accord qui a été négocié là, c’est de la mascarade, c’est de la mafia, ce n’est pas profitable pour les enseignants.”
Autre difficulté pointée : le transport quotidien, décrit comme un véritable fardeau.
“Imaginez l’indemnité de transport : aujourd’hui, des gens se déplacent depuis Coyah, Maferinya, Wonkifong ou Kouria chaque matin pour venir à Kaloum ou à Ratoma. Imaginez le coût du transport par mois : ça absorbe son salaire.”
Le syndicaliste a conclu en évoquant les charges familiales, qui laissent les enseignants dans une situation financière alarmante : “La dépense qu’un enseignant peut donner à sa femme aujourd’hui, minimum, c’est 50 000. Sur 30 jours, ça fait 1,5 million. Ensuite, viennent les prêts : prêts scolaires, prêts fonctionnaires, prêts tabaski. Dès qu’on enlève tout cela, il ne nous reste que 600 000. Il y a même des enseignants qui se retrouvent à moins 200, moins 400, moins 600.”
