Plus d’un an après le changement de régime en Guinée, la confiance semble plus que jamais rompue entre ceux qui ont pris le pouvoir et ceux qui sont à sa conquête. Une rupture de confiance qui s’explique selon plusieurs acteurs politiques, par le manque de visibilité sur la conduite de la transition et l’absence du dialogue entre le gouvernement et les acteurs des forces vives.
Au sein des grandes coalitions politiques du pays, les positions se radicalisent davantage à cause de ce que les responsables appellent un manque de volonté politique de la part des autorités de la transition. Pour Mohamed Tall, ancien ministre de l’élevage et membre du bureau politique de l’Union des forces républicaines (UFR), le CNRD et le gouvernement sont dans une logique de s’éterniser au pouvoir.
«Aujourd’hui un an après leur évènement, le vocable élection est banni du discours de Doumbouya, il n’en parle jamais, c’est bien la preuve que ce n’est pas sa préoccupation. Quand on observe un peu l’évolution de la situation et le comportement du CNRD à commencer par son chef, le colonel Mamadi Doumbouya, on comprend très clairement qu’ils n’ont pas l’intention d’abandonner le pouvoir», soutient-il.
«Lorsqu’on voit l’acharnement avec lequel il traite les acteurs politiques on a nettement l’impression qu’il veut supprimer toutes velléités de concurrence, il veut confisquer le pouvoir, il ne veut pas de contestation d’aucune sorte. Voilà la tendance clairement afficher et ça on résistera jusqu’à la fin pour sauver notre jeune et fragile démocratie», prévient ce cadre de l’UFR.
L’ancien ministre rappelle qu’il est impossible de parler de paix dans un pays où le dialogue est relégué au second plan. Mohamed Tall indique aussi que c’est un rêve d’imaginer qu’il est possible de réussir en mettant de côté les coalitions politiques les plus significatives du pays.
«Le fait qu’on soit encore en période de transition rend encore plus nécessaire le dialogue en Guinée. On ne peut pas parler de paix sans le dialogue entre les acteurs. Je ne crois pas aujourd’hui qu’il y ait une classe dirigeante autant repoussée que le CNRD et le gouvernement actuel. Quand on est aussi rejeté aussi fortement par la population, on ne peut pas continuer dans l’unilatéralisme, on ne peut pas dicter sa volonté sans aucune forme de concertation, et en s’entêtant dans ce sens-là je crois que le CNRD est en train de commettre une grave erreur. Rien ne sera possible en marginalisant la classe politique et la société civile», a averti ce proche de Sidya Touré.