Alors que les Forces vives de Guinée (Fvg) tiennent mordicus à braver l’interdit pour manifester ce 9 mars, les autorités de la transition menacent de sévir contre tout éventuel trouble à l’ordre public. Les acteurs sociopolitiques vont-ils revenir sur leur décision comme le souhaitent les religieux ? Au cas contraire, qu’adviendra-t-il de cette défiance ?
La gestion de la transition par colonel Mamadi Doumbouya ne convient pas aux principaux acteurs sociopolitiques regroupés autour des Fvg. Ce sont l’Anad, le Fndc-politique, le Rpg arc-en-ciel et alliés qui, dans leurs préalables au dialogue, exigent, entre autres: l’arrêt des harcèlements judiciaires contre leurs leaders, la libération des détenus politiques, la levée de l’interdiction des manifestations pacifiques et le respect strict de la Charte de la transition. L’adrénaline monte entre les forces vives de Guinée et les autorités de la transition.
« Chasser le Cnrd du pouvoir »
Face à l’intransigeance des Fvg, le Premier ministre, Bernard Goumou, manie la carotte et le bâton. « Pour l’amour de notre patrie et pour une transition apaisée et inclusive, évitons à notre peuple la répétition des évènements aux conséquences malheureuses. En tout état de cause, toutes formes d’atteinte aux droits des paisibles citoyens, de dégradation de biens privés, des édifices publics, obligeraient l’État à user de la rigueur de la loi ».
Une menace à peine voilée à laquelle les organisateurs répondent par un niet catégorique. « Il faut que vous soyez prêts », a lancé Cellou Dalein Diallo exhortant ses militants à s’opposer à toute forme de confiscation du pouvoir par le Cnrd. La semaine dernière, depuis son séjour médical, Alpha Condé appelait à « chasser la junte ».
«Nous n’accepterons pas d’être considérés comme des sous Guinéens ou des Guinéens dont les idées et opinions ne comptent pas. Qu’ils acceptent les débats contradictoires avec nous qui ne cherchons pas à profiter d’eux parce que nous, nous sommes dans la logique de les aider à réussir cette transition sur la base de la contradiction d’idées », a précisé Abdoul Sacko du Forum des forces sociales de Guinée (Ffsg) membres des Forces vives.
Le gouvernement brandit la menace
Au lendemain de la manifestation du jeudi 16 février qui s’est soldée par des pertes en vies humaines et des dégâts matériels considérables, le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation avait menacé de retirer les agréments des partis politiques ayant appelé à leurs militants à répondre à l’appel du Fndc. « En application de la Loi organique L/91/002/CTRN en date du 23 décembre 1991 portant charte des partis politiques en République de Guinée et la loi L/2005/013/AN en date du 04 Juillet 2005, régissant les associations en République de Guinée, les organisations politiques et sociales dont la responsabilité pénale sera établie par la suite des poursuites judiciaires par les autorités compétentes se verront appliquer des sanctions allant de la suspension jusqu’au retrait de leurs agréments ».
Apparemment, le gouvernement a opté pour les menaces pour faire fléchir les Forces vives. De retour d’une mission à l’international, le ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright a mis en garde les fauteurs de troubles. « Vous avez entendu des annonces, par-ci, par-là, par rapport à une éventuelle marche à partir du 09 mars prochain. (…) Force restera à la loi et l’autorité de l’État se fera sentir», a-t-il prévenu.
Face à l’intransigeance des Forces vives et les menaces des autorités de la transition faut-il craindre le pire? En tout état de cause, tous les ingrédients sont réunis pour une reproduction du scénario de 2009 sous le Cndd ayant causé une centaine de morts, de portés disparus et de femmes violées.