Le sociologue, le Pr Alpha Amadou Bano Barry, a abordé dimanche la situation des coups d’État en Afrique. L’enseignant-chercheur s’est exprimé sur ce sujet lors d’une interview avec nos confrères de Djoma Médias, expliquant certains facteurs qu’il estime être à l’origine de la recrudescence de ce phénomène sur le continent.
L’ancien ministre de l’Éducation nationale précise que le phénomène des coups d’État ne concerne pas toute l’Afrique, mais est plutôt spécifique aux pays anciennement colonisés par la France. Pour changer la donne, il propose l’amélioration du système politique dans les pays concernés : « Le premier élément que je constate, c’est que tous ces pays ont adopté le modèle politique français, avec un président clé de voûte du système, extrêmement puissant, qui absorbe l’intégralité des institutions républicaines. Cela signifie que si vous mettez la main sur le président, le système s’effondre. En revanche, si vous observez les pays anglophones, ce qu’ils ont modifié, c’est le système politique et le système électoral. Des pays comme la Sierra Leone, le Ghana et le Nigeria ont instauré un système électoral basé sur un scrutin majoritaire. Certains ont également introduit une dualité à la tête de l’État, avec un président et un vice-président, tandis que dans les pays francophones, nous avons opté pour un système électoral combinant la proportionnalité et un scrutin majoritaire à un tour. De plus, nous avons largement influencé la plupart des institutions au profit de la présidence. »
L’autre paramètre à prendre en considération, selon le sociologue, est que ces pays présentent une production de richesse relativement faible par rapport à d’autres nations. Certains affirment même que les pays francophones ne sont pas préparés à devenir des économies caractérisées par une production de richesse limitée, contrairement aux pays anglophones.
« Lorsque ces pays se trouvent en bordure du Sahara et sont confrontés au djihadisme, il est naturel qu’ils aient plus de chances d’être affectés que d’autres », soutient l’ancien ministre.
À titre d’exemple, le Pr. Bano rappelle que le Burkina Faso a Boko Haram sur son territoire, mais cela ne justifie pas les coups d’État dans ce pays. Pour inverser cette tendance, le sociologue estime qu’il est essentiel de réformer le système politique et électoral dans les pays anciennement colonisés par la France : « Il est impératif de mettre en avant l’idée que les pays francophones devraient adapter leur système politique en tenant compte des défis liés à la gestion des affaires publiques”, souligne l’ancien ministre de l’Éducation».