La journée internationale des langues maternelles a été célébrée le 21 février 2021. En en traitant cette actualité, une erreur s’est glissée dans un article d’un de nos reporters ; erreur qui lése Mamadou Aguibou Sow, linguiste et professeur de français. Dans cet entretien, il apporte des précisions.
Guinée360.com : Bonjour Monsieur Sow, le mardi 21 février 2023, à l’occasion de la célébration de la journée internationale des langues maternelles, un de nos reporters dit vous avoir tendu son micro pour parler de cette journée. Mais vous dites que n’avez pas parlé avec un journaliste de Guinée360, ou du moins, il ne s’est pas présenté à vous comme tel. Dites-nous en un peu plus.
Aguibou Sow : Pour commencer, permettez-moi de vous dire que je ne me suis pas prêté au micro d’un quelconque site encore moins Guinée360. Un journaliste ne s’est pas présenté à moi comme étant journaliste d’un quelconque site d’informations. Le 21 février, à l’occasion de la journée internationale des langues maternelles, je suis intervenu sur les ondes de RFI fulfulde en tant que Linguiste sur la morbidité et la mortalité de certaines langues guinéennes. Avec d’autres invités de la Gambie, du Sénégal et de la diaspora, nous avons fait une autopsie des langues de la région avec leurs faibles taux d’utilisation au profil des langues ayant dépassé la taille critique tel le pular, le mandinkakan, le wolof pour ne citer que ces langues. Nous avons fait remarquer que des langues africaines sont en voix extinction si rien n’est fait pour sauver ces viviers culturels. C’est le cas du baga, du lélé, du badiaranké en Guinée. Si j’ai bonne mémoire c’est dans l’émission « On tottaama konngol ».
D’accord. Alors, vous êtes professeur de français, comment avez-vous célébré la journée internationale des langues maternelles ?
Je suis d’abord peul et comme tout autre africain, j’ai une langue maternelle, la mienne est le Pular que certains appellent fulfulde. Il faut rappeler que la Guinée n’a jamais célébré cette journée de façon officielle, mais des organisations de promotion des langues nationales le font à leurs manières.
En plus d’être Peul, je suis professeur de français comme vous le dites, et de surcroît Président de l’Organisation Guinéenne pour la Culture et la Francophonie (OGCF). Cette jeune association membre de la Fédération Internationale des Professeurs de français regroupe des professeurs de français que nous aidons à se perfectionner dans l’exercice de leur métier d’enseignant de et en français.
Parlant de l’OGCF, quelle est votre position par rapport à la langue française ?
OGCF est une association de professeurs de français comme je l’ai dit si haut. Ils enseignent tous en français, jusque-là langue officielle de la République de Guinée, ils croient au dialogue interlangue, et ils sont ouverts au multilinguisme. Dans tous les pays francophones, la France elle-même, berceau de la langue française, n’est pas fermée au dialogue des langues. Le projet ELAN en est un exemple flatteur. L’objectif majeur de l’OGCF est la formation des professeurs de français, par des activités pédagogiques et ludiques. Je le rappelle que chaque troisième mercredi du mois de novembre, l’OGCF célèbre la journée internationale du professeur de français communément appelée « jour du prof » et chaque année l’OGCF célèbre la semaine de la Francophonie.
Nous à l’OGCF, sommes conscients que la Guinée appartient à un grand ensemble appelé Francophonie. Notre passé l’a voulu ainsi. Il faut l’assumer de façon concrète.
Dans un passé récent, des pays ont voulu complètement tournée la page, c’est le cas de l’Algérie avec l’arabisation et de la Guinée sous la première République. Les résultats de l’évaluation pour le cas guinéen sont encore parlants. Il me semble que nous devons apprendre à vivre avec en étant nous-mêmes.
Monsieur, avez-vous un dernier mot pour clore cet entretien ?
Oui, bien sûr. Je voudrais d’abord insister sur le fait que je suis surpris de lire sur votre site que je me suis prêté à vos questions, à par celles que vous me posez maintenant. Ensuite, je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez afin d’exprimer ma position et celle de l’Organisation Guinéenne pour la Culture et la Francophonie sur les langues maternelles, mais aussi m’exprimer sur cette erreur d’un de vos reporters.
Entretien réalisé par la Rédaction