Lors de la messe de clôture du pèlerinage national chrétien à Boffa, ce dimanche 4 mai, Mgr Moïse Tinguiano a livré une homélie ferme à l’endroit des autorités de la transition. L’evêque de Boké a dénoncé les interdictions récurrentes, appelant le CNRD à ne jamais faire taire les voix discordantes et à poser les jalons d’un dialogue inclusif pour une transition véritablement fondatrice. Extrait…

“La Guinée traverse une période de transition délicate, marquée par des aspirations profondes à une refondation politique, sociale et institutionnelle.

Mais dans tout processus de renouveau véritable, les résistances sont inévitables. Les interdictions, les blocages, les pressions peuvent se multiplier, venant de tout part, pour dissuader un peuple de poursuivre son projet de renaissance.

Certaines de ces interdictions peuvent prendre la forme de pressions internationales, des puissances étrangères inquiètes de voir leurs intérêts menacés, cherchent à imposer silence et recule à une nation en marche vers sa souveraineté. Nous vous avons formellement interdit cela.

D’autres interdictions naissent à l’intérieur, entre nous. Elles peuvent cibler un parti politique, une radio libre, une chaîne de télévision indépendante. Nous vous avons formellement interdit.

L’objectif souvent déguisé est de freiner l’élan de la volonté commune, populaire, de retourner le pays au point de départ. Cependant, dans les circonstances, il est vital de savoir ce que l’on est, ce que l’on veut et ce que l’on porte comme espérance. Il faut retenir cela, il faut tenir cela pour de bon.

Le peuple de Guinée ne peut renoncer à son droit de rêver, et de rêver des grandes choses, il faut rêver, rêver à une nation plus développée, il faut rêver. Et on veut des gens qui savent rêver, celui qui ne sait pas rêver, qu’il disparaisse de ce monde-là.

De s’exprimer, de construire une société juste et fraternelle. Rêvons construire cela. Ne comptez pas sur le nombre d’années, ça n’importe pas. Ne priez pas par exemple pour moi, Monseigneur, que Dieu te donne de longues années, ça n’importe pas.

(…) Quant à l’épineuse question des interdictions dans certains secteurs et activités, de la vie sociopolitique, nous disons humblement, et humblement aux membres du CNRD, puisque ce sont les militaires et ce sont mes parents, parce que mon papa était militaire, j’ose vous dire, cher papa, chère maman, les membres du CNT et du gouvernement, ne faites pas taire la voix. Jamais ne faites taire la voix, ne dites jamais que nous vous avons formellement interdit.

Ce moment est trop crucial pour nous. Il faudrait, à notre humble avis, poser des bases solides d’un dialogue inclusif, sincère et durable, pour que cette transition soit la dernière dans notre pays. Alors, vous devez diriger des actions dans ce sens-là. Et cela dépend de nous, frères et sœurs, bien-aimés, que cette transition soit la dernière.

Ne nous pressons pas, prenons le temps de bâtir quelque chose sur le sol, sur le roc et non sur le sable qui va encore disparaître dans quelques temps. Les opinions des Guinéens, lorsqu’elles se sont exprimées dans la vérité, dans l’amour et dans le respect de la dignité de l’autre, ne devraient jamais être perçues comme une menace.

Ne suivons pas des gens qui passent de partis politiques en partis politiques, parce qu’ils n’ont pas une conviction claire. Ils mangent la nuit et ils se taisent le jour.

Dans ces conditions, elles deviennent une richesse de ces revendications, et donc un véritable ferment de paix et de quiétude sociale. A nos autorités, nous demandons humblement de porter des projets qui durent, des œuvres qui émanent des décisions qui rassemblent.

(…) Alors je veux que les membres du gouvernement, aujourd’hui, prennent la décision aujourd’hui, qu’ils fassent la même chose, qu’après 150 ans, qu’on puisse dire, voici l’œuvre de tel, et de tel, qu’ils seront fiers de célébrer avec joie.

N’optez pas pour des projets éphémères, on mange aujourd’hui et c’est fini, voter pour des projets qui durent dans le temps. Pour que l’histoire puisse retenir, c’est non pas pour avoir imposé la force, mais pour avoir bâti l’unité, enraciné la justice et préparer l’avenir.

C’est ainsi que nous vous entraînons chers parents, chers papas et mamans, des membres du CNRD, dans la mémoire du peuple et dans la bénédiction même de Dieu”.