Dans une enquête publiée, le 5 avril, nos confrères de Jeune Afrique lèvent un coin du voile sur les sources de financement du chef de la junte guinéenne. JA explique comment le colonel Mamadi Doumbouya s’est « assuré la loyauté des grosses fortunes» guinéennes et étrangères. Comment il a mis mains sur les EPA et l’argent des cautions à la Crief, ainsi que le butin de l’assaut contre Alpha Condé le 5 septembre 2021, à Sekoutouréyah.
Parmi les hommes d’affaires locaux, figure en bonne place Kerfalla Person Camara dit KPC. Le PDG de la société de BTP Guicopres s’est vu notamment attribuer le contrat de la rénovation de l’ancienne cité ministérielle dans le quartier de Landréah à Conakry. Il y a aussi Mamadou Saliou Diallo alias Kégnéko, le patron du groupe Sonoco (Les moulins d’Afrique).
Antonio Souaré n’est pas en reste. Le propriétaire de SAMGBM (Groupe Business Marketing), par ailleurs président du club Horoya AC s’est également rapproché du Cnrd, et ce, même s’il n’a pas encore récupéré le contrôle des jeux “Guinée Games”, révèle Jeune Afrique.
Au rang des hommes d’affaires étrangers, il y a Samba Bathily et le patron du groupe de BTP Piccini, l’Italo-Érythréen Makonnen Asmaron et également le consul général d’Inde à Conakry Ashok Vaswani, patron du groupe multi-industriel Topaz et actionnaire de l’hôtel Sheraton.
« Vaswani n’est pas étranger à l’arrivée récente de Jindal Power, un important acteur minier et énergétique indien, dont le PDG Naveen Jindal a, en décembre, mis à la disposition de Mamadi Doumbouya un jet Embraer de 50 places qui fera office d’aéronef présidentiel ».
Autre étranger installé de fraîche date : « l’homme d’affaires belge Léo Grosman dont la société, System First Guinea, a obtenu dans des circonstances opaques la concession du Bordereau électronique de suivi des cargaisons du port de Conakry (BESC), en évinçant les Américains de Catalyst Business», souligne le journal.
Pour avoir le contrôle effectif des EPA, colonel Mamadi Doumbouya y a place ses hommes. Il s’agit entre autres de : son directeur de cabinet (avec rang de ministre Djiba Diakité, PCA de l’autorité de régulation des postes et télécommunications et président du Comité technique du projet Simandou. Son directeur du protocole Ahmed Sekou Coumbassa (plus connu sous le nom d’Ahmed Durak) est le PCA du Fonds de garantie des prêts aux entreprises. Ses conseillers Bocar Baila Ly et Ousmane Doumbouya président respectivement les conseils d’administration de la Société des eaux de Guinée et de l’Agence nationale des infrastructures routières. Quant à son conseiller personnel Thierno Amadou Bah, il est le PCA de l’Office guinéen de la publicité.
Dans son enquête, Jeune Afrique s’est également intéressé aux différentes cautions fixées par la CRIEF. Le journal révèle que certains anciens dignitaires se sont acquittés, mais « de versements – souvent en espèces et pas toujours au Trésor pupublic-».
Il cite notamment les anciens ministres Albert Damantang Camara, Zakaria Coulibaly, l’ancien directeur du Fonds d’entretien routier, Souleymane Traoré, l’ancien gouverneur de la Banque centrale, Louncény Nabé, ont dû verser de montants variant entre 100 000 euros et un million d’euros (en francs guinéens), avant de pouvoir quitter la maison d’arrêt de Corinthie.
Tandis que l’ancien Premier ministre, Kassory Fofana, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Damaro Camara et l’ancien ministre de la Défense, Mohamed Diané doivent payer chacun entre 1 à 3 millions d’euros.
Concernant “les trésors de guerres d’Alpha Condé”, Jeune Afrique indique que le président déchu avait 15 millions de dollars, 8 millions d’euros et une douzaine de bijoux de valeur au Palais Sekoutoureah. Les forces spéciales qui ont pris d’assauts la Presidence, le 5 septembre 2021, n’ont jamais fait de compte rendu sur ces montants.