L’ancien ministre de l’Environnement, Oyé Guilavogui, a comparu de nouveau, ce mercredi 5 avril 2023, devant la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief).
Après plusieurs heures de débats devant la chambre de jugement de la cour de répression des infractions économiques et financières, le juge Alseny Mabinty Camara a finalement renvoyé l’audience du ministère public contre Oyé Guillavogui au 19 avril 2023 pour la suite des débats. Elle a également ordonné la comparution de plusieurs personnes, dont l’ancien ministre de l’économie et des finances Kerfalla Yansané.
“La cour ordonne la fourniture des pièces justificatives de l’existence des différents propriétés et des relevés bancaires d’Oyé Guillavogui. La cour ordonne également la comparution de Kerfalla Yansané, ancien ministre des Finances, Mamady Condé dit Thalès, le représentant de la société Wawé, un représentant du ministère des postes et télécommunications qui a connaissance de l’affaire de la Sotelgui”, a laissé entendre le juge Alseny Mabinty Camara.
Interrogé sur la décision du juge, Me Amadou Baben Camara, avocat de la partie civile, estime que la comparution de ces personnes aidera à la manifestation de la vérité.
“Nous avons demandé la comparution de certaines personnes pour apporter plus de clarté dans cette affaire. Ce que nous trouvons normal car l’instruction définitive se passe à la barre. Donc toutes les personnes qui ont eu un regard sur ce projet de relance de la société Sotelgui, leur comparution pourrait donner plus de clarté à ce procès”, a-t-il laissé entendre.
La défense, quant à elle, parle d’un dossier vide de sens. Me Salifou Beavogui demande que son client soit libéré.
“Nous avons déposé des pièces qui justifient son patrimoine. Mais dans ce dossier, c’est un peu l’inverse. C’est celui qui est poursuivi qui prouve son innocence, alors qu’en pénal, c’est le parquet qui poursuit qui rapporte la preuve. Le parquet et la partie civile sont partis vite en besogne. Dès le départ, il fallait créer une enquête administrative et financière. C’est-à-dire une inspection d’État vient inspecter ses avoirs, sa gestion et on les confronte. Il y a des dossiers où il se trouve des rapports d’audits incontestables et à ce moment-là, le prévenu ne peut que les accepter et les admettre parce que ce sont des pièces comptables. Mais dans ce dossier, il n’y a rien. Tout ce qu’on reproche à Monsieur Oyé Guillavogui, c’est d’avoir exécuté les budgets et c’est normal. Je pense que l’on en veut sur d’autres points. Je demande que Monsieur Guillavogui soit libéré parce qu’il n’a pas détourné l’argent de l’État”, a-t-il lancé avant de poursuivre.
“Si nous prenons le dossier de détournement de deniers publics, il n’y a rien. Si vous creusez le dossier, vous ne verrez nulle part le détournement d’un seul montant ou de quelque bien que ce soit appartenant à l’État. Par conséquent, cette infraction ne peut pas prospérer. Si vous prenez l’infraction d’enrichissement illicite, le train de vie de mon client serait disproportionné à son salaire. Il ne faut pas oublier que ce monsieur n’a pas commencé sa vie au quinzième étage, mais au rez-de-chaussée. Il est issu d’une famille très modeste et s’est très tôt lancé dans les affaires. Il a acquis l’entreprise EJICO dans les années 2000, et en 2006, il avait un chiffre d’affaires de près de 2 milliards de nos francs guinéens. Tout ce qu’il a obtenu, il l’a obtenu bien avant de rentrer dans le gouvernement”, a-t-il conclu.
Il faut noter que Oyé Guillavogui est poursuivi pour des faits présumés de détournement de deniers publics, d’enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux.