Dans cet entretien accordé à notre rédaction, le coordinateur du Front des forces politiques (FPP) donne sa lecture sur le discours du nouvel an du président de la transition. Parlant du cadre du dialogue, Boubacar Diallo dénonce la conduite unilatérale de la transition par le Cnrd. Le leader du parti PPD invite le Cnrd à faciliter le retour des exilés politiques pour permettre d’entamer un véritable dialogue politique devant conduire à un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Guinee360.com : Dans son discours de nouvel an, colonel Mamadi Doumbouya a soutenu que les Assises nationales ont permis aux Guinéens de se pardonner. Qu’en pensez ?
Boubacar Diallo : Quand il dit que cela a permis aux Guinéens de se pardonner, c’est tout à fait le contraire. Au lieu de rassembler, les Assises ont plutôt divisé les Guinéens. Vous savez que depuis qu’il a pris le pouvoir, le CNRD a toujours imposé son point de vue et pris des décisions unilatérales. Ce n’est pas ce que nous avons souhaité. Lorsque le colonel Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir, il a bénéficié du soutien des acteurs politiques. Il avait promis que la justice serait la boussole de la transition. Cependant, nous assistons à des arrestations arbitraires. Il y a des gens qui sont en prison depuis plus de 8 mois sans être jugés. Dans cette situation, on n’a pas le sentiment que la justice existe vraiment dans notre pays.
Après avoir boudé les Assises, vous avez également boudé le cadre de dialogue politique inter-guinéen. D’aucuns estiment que si on est dans cette situation c’est, en partie, à cause de l’attitude de votre inter-coalition. Que répondez-vous ?
À l’époque, nous avions dit qu’on voulait un cadre approprié, souverain pour que le CNRD, le gouvernement et les forces vives puissent discuter et que les décisions qui seront prises s’imposent à tout le monde pour une bonne conduite de la transition. Le CNRD n’a pas voulu le faire et nous l’avons dénoncé dans toutes nos déclarations. Cela nous a valu d’être qualifiés d’extrémistes qui n’ont jamais voulu prendre part au dialogue. Et l’histoire nous a donné raison aujourd’hui parce que même la Cedeao a fait savoir que le cadre de dialogue inter-guinéen n’est pas inclusif. Pour que le dialogue soit inclusif, le président de la transition doit permettre aux leaders politiques en exil de pouvoir rentrer au pays sans être inquiétés. Ce n’est pas si difficile, il peut envoyer une délégation les rencontrer afin de discuter sereinement avec eux. C’est ce que je propose au colonel afin qu’il sorte par la grande porte. Mais s’il estime parce qu’il a la force, les finances publiques qu’il peut faire ce qu’il veut, ce n’est pas la bonne solution.
Pourquoi doutez-vous de la bonne volonté du chef de la junte alors qu’il vous a rassurés que ni lui, ni aucun membre du CNRD ou du gouvernement ne seront candidats ?
C’est une bonne chose, mais qu’il nous dise, d’abord, qui sont les membres du CNRD. Au niveau du Front des forces politiques, nous avons des doutes quand il dit qu’ils n’auront pas de candidat. Nous lui disons qu’il a fait du chemin, il sait comment le pouvoir marche, donc, il serait mieux pour lui de rectifier dès maintenant, ce n’est pas encore tard.
A en croire votre avis, le CNRD n’a rien fait de bon toutefois, dans le domaine des infrastructures, il y a eu quand même des réalisations. Les travaux sont en cours sur la route Coyah-Dabola. Dans la capitale Conakry, il y a aussi des échangeurs qui sont en construction…
C’est vrai qu’ils sont en train de colmater. Beaucoup d’infrastructures qui sont en train d’être réalisées aujourd’hui sont des initiatives de l’ancien régime. C’est le cas des échangeurs : de Bambeto, de Kagbelin. Ce sont des bonnes choses parce que l’État, c’est la continuité.