L’histoire de madame Fatoumata Fofana, enseignante à l’école primaire Maman Henriette Conté, illustre la détresse dans laquelle se trouvent de nombreux enseignants guinéens privés de salaire depuis plusieurs mois. Son témoignage, livré samedi 1er novembre 2025 lors de l’assemblée générale de l’intersyndicale de l’éducation, a profondément ému l’assistance.
Face à la Fédération Syndicale des Professionnels de l’Éducation (FSPE), au Syndicat National de l’Éducation (SNE) et au Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG), réunis pour exiger la signature du statut particulier des enseignants, Mme Fofana a raconté son calvaire avec une voix brisée par l’émotion.
“Au moment de l’enrôlement, j’étais partie à Forécariah pour m’occuper de ma mère gravement malade. À mon retour, la plateforme d’enrôlement avait déjà été fermée. Je suis allée à la DRH, mais depuis, cela fait 15 mois que je n’ai pas reçu de salaire”, témoigne-t-elle.
Privée de revenu, la jeune femme a vu sa vie s’effondrer. “Ma mère est décédée, mon mari m’a abandonnée avec nos quatre enfants. Même 100 francs, il ne m’a pas donné. Je vis en location, j’ai aussi un petit-enfant, et mon frère, chez qui je logeais, m’a donné un préavis pour quitter la maison”, poursuit-elle en larmes.
La situation s’est encore aggravée ces dernières semaines. “Le propriétaire de la maison où je vis avec mes enfants m’a donné un dernier préavis. C’est la troisième fois. Même pour manger, je n’y arrive pas. Le soir, je prépare juste de la bouillie pour les enfants, c’est tout ce qu’on mange avant de se coucher.”
Malgré ses démarches répétées auprès des autorités éducatives et administratives, rien n’a bougé. “Je suis allée à la DPE, à la Direction, au ministère, à la Fonction publique, au Budget. J’ai tellement marché que je suis épuisée. On nous a dit que le problème venait du recensement, mais même après m’être fait recenser, mon salaire n’a toujours pas été débloqué. J’ai tous mes documents, mais rien ne change.”
Épuisée mais digne, Fatoumata Fofana a lancé un appel émouvant au chef de l’État, le Général Mamadi Doumbouya : “Si j’avais l’occasion de le rencontrer, je le prendrais dans mes bras pour le supplier de m’aider.”
Son témoignage met un visage et une voix sur la souffrance silencieuse de nombreux enseignants guinéens, victimes d’un système administratif défaillant et d’un retard chronique dans la régularisation de leurs salaires.