Le président du groupe parlementaire Rpg Arc-en-ciel accuse l’opposition d’être responsable du retard de l’installation des conseillers communaux. Le député Amadou Damaro Camara conseille le maire de Kindia de se réconcilier avec les chefs coutumiers de la commune urbaine. Concernant la concession du port de Conakry, il estime que le contrat Albayrak est avantageux pour l’Etat guinéen. Interview !
Guinee360 : Qu’est ce qui explique le retard de l’installation des conseillers communaux?
Amadou Damaro Camara : Après la signature de l’Accord politique, il y avait des ajustements à faire entre mon ami Aliou Condé et moi sur certains quartiers. Par exemple à Bissikirima, il ne s’agissait pas de la commune rurale, mais des districts. L’exécutif de la commune rurale est libre aux élections. Dans les accords quand on dit 6 communes rurales, on a cru que c’est les exécutifs communaux. Donc, il y a encore les problèmes de ce genre qui sont à régler. Sur les listes des quartiers, il y a eu des erreurs qu’on est en train de corriger. C’est l’opposition qui a demandé à ce que les conseillers communaux ne soient pas installés depuis 6 mois. Maintenant, attendre 2 ou 3 semaines ça leur paraît trop long. Alors ce sont eux qui ont bloqué le pays pendant 6 mois.
A part Bissikirima, il y a besoin de réajustement dans d’autres circonscriptions ?
Non, je ne crois pas. Mais on verra sur le terrain. Souvent, ce n’est les décisions de Conakry qui marchent sur le terrain.
Après la signature de l’Accord, des militants du Rpg Arc-en-ciel ont manifesté à Kindia pour s’opposer à la désignation du maire de la commune urbaine par l’UFDG. Qu’est-ce vous à dire à propos de cette situation ?
Je crois que c’est beaucoup la personnalité du maire que l’Ufdg. Sinon, l’Ufdg dirigeait la délégation spéciale. Sans faire un jugement, pour gérer une commune, je crois qu’un maire a tout intérêt à avoir le support des autorités religieuses et des chefs coutumiers. Alors, si un maire croit qu’il peut se passer de ces personnalités dans sa commune ça peut être difficile. Je ne connais pas et je ne peux donc pas juger. Mais qu’il ait des problèmes avec le premier imam de la ville et le chef d’une bonne partie de la communauté de la Basse Côte, je crois qu’il a tout intérêt à se réconcilier avec eux pour pouvoir gérer. Ce n’est pas comme la députation, une mairie c’est la gestion participative. Le maire doit avoir l’accompagnement de toutes les franges de sa ville pour que sa gestion soit un succès.
Ne craignez-vous pas que les communications faites par les notabilités entament la coexistence pacifique entre les communautés dans la commune ?
Un maire doit avoir toute l’intelligence de s’entendre avec les chefs coutumiers et les chefs religieux dans sa commune. Opposé à ces entités, la gestion va être difficile. Moi, à sa place, je ferai tout pour me réconcilier avec eux parce qu’avant tout ce sont des grands électeurs. La gestion d’une commune c’est la mobilisation, la participation de toutes les composantes de la sociétés. C’est sa ma conception. Au-delà de tous ces aspects liés à la démocratie, il y a un problème culturel dont on doit tenir compte. Même aux États-Unis d’Amérique, il y a des quartiers essentiellement peuplés des Pakistanais, des Noirs ou des Chinois. Le maire doit pouvoir tenir compte des us et coutumes de ces communautés dominantes dans sa gestion malgré la démocratie.
Comment le Rpg Arc-en-ciel compte aborder les prochaines législatives ?
Vous n’allez quand même pas nous demander de dévoiler notre stratégie dans la presse avant les élections. Mais, on s’apprête en tout cas jusque maintenant nous sommes dans la logique des élections au premier trimestre 2019. Comme la loi électorale le dit, nous devons avoir les élections 3 mois avant la première session de la nouvelle législature.
A Kankan, le Premier ministre Kassory Fofana a demandé aux structures du Rpg Arc-en-ciel de se mobiliser pour combattre l’absentéisme au vote. Est-ce que vous y voyez des intentions dans ce sens?
Le Premier est dans son rôle. Il voudrait s’assurer d’une majorité à l’Assemblée nationale pour pouvoir appliquer le programme de son patron. C’est comme au chef de file de l’opposition qui va demander à ses troupes pour gagner les élections.
Quel bilan tirez-vous de 100 jours de gestion du Premier ministre?
Les 100 jours c’est une coutume européenne. Ça n’existe pas chez nous. Je juge sur la durée. Peut-être en 100 jours, il a passé 90 jours avec les syndicats autour du problème du prix du carburant.
Le contrat de concession signé entre l’Etat guinéen et la société turque Albayrak fait polémique. Quel est votre avis ?
On a politisé un débat qui n’aurait pas dû. Je me pose des simples questions. Est-ce que c’est une cession ou une concession ? Le contrat parle de concession. Donc, parler de cession n’est que de la manipulation. Cette portion du port qui est concerné rapporte combien à l’Etat ? Zéro franc. Combien ça va rapporter avec la gestion turque ? 13 millions d’euros par an avec un investissement de 200 millions d’euros. Est-ce que du personnel devait être licencié ? Je dis non. Alors où est le problème ? Moi je suis d’ailleurs encouragé par la gestion turque parce qu’actuellement c’est eux qui gèrent la Sotragui. Avec 25 bus, ils font, en moyenne, 30 millions Gnf par jour. Alors quand tout marchait avec les 100 bus, on a jamais fait 25 millions Gnf par jour. Donc, je comprends que la lutte ce n’est pas pour le panier de la ménagère, ni pour sauvegarder le patrimoine guinéen, mais pour sauvegarder ce qui rentre dans les poches de certaines personnes. On ne peut continuer dans ce sens.
Réalisée par Abdoul Malick Diallo