Le contenu du rapport de l’édition 2021, de Reporters sans frontières, indique que la Guinée a connu une avancée significative en terme de respect de la liberté de la presse. Ledit rapport précise également que le pluralisme des médias est «bien réel en Guinée et les journalistes jouissent d’une certaine liberté de ton. Le nouveau régime de transition installé depuis le coup d’État de septembre 2021 est attendu au tournant sur les questions relatives à la liberté de la presse.»
Le rapport souligne que pour la cinquième année consécutive, la Norvège est classée au premier rang, même si les médias ont mis en exergue un manque d’accès aux informations publiques sur la pandémie. La Finlande conserve sa place de deuxième, tandis que la Suède (3e, +1) retrouve sa place de troisième, perdue l’année dernière au profit du Danemark (4e, -1). L’édition 2021 du Classement confirme donc une forme de “domination nordique” ou, sous un angle moins concurrentiel, de “modèle nordique”.
Quant à la Guinée, elle occupe la 84e place sur 180 avec un score de 59.82 (Classement 2022), contrairement au classement 2021, où elle occupait 109e place sur 180 avec un Score de 64.58.
INDICATEUR POLITIQUE
80
59.26
INDICATEUR ÉCONOMIQUE
70
47.05
INDICATEUR LÉGISLATIF
65
71.15
INDICATEUR SOCIAL
81
70.67
INDICATEUR SÉCURITAIRE
122
50.96
Paysage médiatique
Le paysage médiatique est pluraliste en Guinée. Depuis les années 1990, la presse écrite est florissante : sur 65 hebdomadaires existants, 10 paraissent régulièrement, qu’il s’agisse de journaux satiriques comme Le Lynx, ou de journaux d’informations générales comme L’Indépendant. Le secteur audiovisuel est composé d’au moins 60 radios et d’une dizaine de chaînes de télévision. En ligne, une centaine de sites d’information ont vu le jour en 25 ans. Pourtant, la production d’informations critiques et indépendantes reste difficile, particulièrement lorsque celles-ci mettent en cause des membres du gouvernement ou des forces de sécurité.
Contexte politique
Durant la présidence d’Alpha Condé (2010-2021), les autorités tentaient régulièrement de censurer les médias critiques du pouvoir. Depuis l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de transition, la situation semble s’être apaisée et le Premier ministre s’est engagé, lors d’une rencontre avec RSF, à défendre la liberté de la presse dès sa prise de fonction. Le manque de visibilité incite tout de même les journalistes à la prudence.
Cadre légal
La fin des peines privatives de liberté pour les délits de presse consacrée dans la loi sur la liberté de la presse promulguée en 2010 constitue une avancée majeure pour protéger les journalistes. Toutefois, la loi organique portant sur le droit d’accès à l’information publique et instaurant le principe de transparence n’est toujours pas en vigueur malgré son adoption en novembre 2020, et des journalistes continuent de faire l’objet d’arrestations et de détentions.
Contexte économique
En Guinée, les médias de service public sont favorisés aux dépens des médias privés, l’État priorisant le public dans l’accès aux événements officiels et pour effectuer les communications gouvernementales. Les subventions accordées aux médias privés sont jugées insuffisantes. En outre, la pandémie de Covid-19 a exacerbé les difficultés financières touchant le secteur de la presse.
Contexte socioculturel
Quelques sujets comme l’homosexualité la polygamie ou les violences conjugales sont traités avec une certaine prudence, voire de la retenue pour ne pas heurter la morale publique. Il arrive également que des journalistes abordant la question de la lutte contre les mutilations génitales féminines ou du mariage forcé soient ciblés par des groupes d’intérêt religieux.
Sécurité
Les journalistes sont régulièrement victimes d’agressions et de violences, particulièrement lors de manifestations politiques. Les professionnels des médias sont aussi fréquemment victimes de menaces de mort et de harcèlement sur les réseaux sociaux. Les auteurs de ces actes de violence, souvent des agents des forces de l’ordre, mais aussi des militants de partis politiques ou des activistes, restent dans l’immense majorité impunie.