À l’occasion du premier anniversaire de la tragédie survenue le 1er décembre 2024 au stade de N’zérékoré, le Conseil Supérieur de la Diaspora Forestière (CSDF) a publié une déclaration appelant à la justice pour les victimes et au respect de leur dignité.
Le drame, survenu en marge de la finale d’un tournoi de football doté du trophée Général Mamadi Doumbouya, avait fait 56 morts selon le bilan officiel des autorités, tandis que les organisations non gouvernementales évoquent un bilan plus lourd, avec plus de 150 victimes. Le CSDF s’incline profondément devant la mémoire des victimes de cette tragédie humaine et déplore un silence institutionnel.
“Une année après, la douleur demeure entière. Les familles endeuillées, laissées seules face à l’immensité de leur perte, vivent toujours dans une désolation profonde. Aucune prise en charge psychologique, sociale ou financière digne de ce nom n’a été mise en place. La plupart de ces familles, abandonnées à elles-mêmes, se battent chaque jour pour survivre, alors même que la nation leur doit soutien, vérité et réparation”, lit-on dans la déclaration.
Dans les jours qui ont suivi la tragédie, le gouvernement avait annoncé l’ouverture d’une enquête administrative. Un an après, la diaspora forestière déplore que le rapport officiel de cette enquête n’ait toujours pas été publié.
“Ce silence nourrit les incompréhensions, renforce les suspicions et constitue une entrave grave au droit du public à l’information, à la transparence et à la reddition de comptes. Un peuple ne peut guérir lorsque la vérité lui est refusée”, indique le document.
Constatant également un blocage injustifié de l’action publique, le CSDF accuse le Tribunal de première instance de N’zérékoré de refuser de déclencher cette action, malgré la saisine par les victimes, leurs familles et leurs conseils depuis juin 2025, ces derniers s’étant constitués parties civiles conformément au droit guinéen.
Selon les responsables, cette situation est à la fois juridiquement anormale et moralement intenable. “Elle porte atteinte au droit fondamental à la justice, au principe de l’obligation de poursuite, et à la confiance du peuple dans ses institutions”, précise le document.
Face à cette situation, le CSDF prend à témoin le peuple de Guinée, les organisations de défense des droits de l’homme et la communauté internationale, et formule trois recommandations aux autorités :
1- La publication immédiate du rapport d’enquête administrative sur la tragédie du 1er décembre 2024, afin que la lumière soit faite sur les responsabilités institutionnelles, organisationnelles et individuelles dans cet événement ;
2- L’ouverture formelle de l’action publique par le Parquet de N’zérékoré, conformément aux plaintes et constitutions de partie civile déposées depuis juin 2025, et l’engagement sans délai des poursuites nécessaires pour établir les faits, les responsabilités et les réparations ;
3-La mise en place d’un fonds spécial d’indemnisation en faveur des familles des victimes, ainsi que la reconnaissance officielle de cette tragédie comme un événement national majeur nécessitant commémoration, transparence et justice.
Par ailleurs, la diaspora forestière rappelle que la justice pour les victimes du drame de N’zérékoré demeure un impératif moral et républicain. “Un pays ne peut se construire durablement lorsque des pages aussi sombres de son histoire récente restent sans vérité, sans justice et sans reconnaissance”, conclut-elle, réaffirmant sa disponibilité à contribuer à toute initiative visant à établir les faits.


