Le président du CNT a abordé plusieurs questions liées à la conduite de la transition amorcée le 5 septembre en Guinée. De la création d’un climat de confiance entre la junte au pouvoir et la classe politique, en passant par le projet de nouvelle constitution et l’élimination des partis politiques pour la course à la présidence de la République, Dansa Kourouma en a tout évoqué.
Selon lui, faire en sorte que les forces vives de la nation à la tête, les partis politiques aient un climat de confiance leur permettant de participer au processus de la transition est plus que nécessaire.
Pour le faire, le président du CNT pense qu’ “il est fondamental d’être à l’écoute. C’est pourquoi le CNT avant d’entrer en fonction est partie écouter la population guinéenne, pour inscrire leurs priorités afin qu’on puisse prendre en compte dans toutes les activités que nous allons mener au sein de cette institution, la demande et les aspirations de la population. Pour moi, la capacité d’écoute et l’ouverture d’esprit à construire avec tout le monde, à tenir compte des préoccupations de chaque entité est la meilleure voie pour réussir cette transition. Cela permettra d’être dans une disposition de loyauté face à la République. Pour moi, ce sont des valeurs qui peuvent aider n’importe quelle personne placée dans les mêmes conditions que moi pour réussir sa mission”, a fait remarquer Dansa Kourouma dans son interview grand oral avec la DCI.
Le numéro 1 du CNT a été amené à se prononcer sur le fonctionnement et la composition de l’institution qu’il dirige, souvent accusé d’être une caisse de résonance à la solde du CNRD.
”Faux”, rétorque Dr Dansa Kourouma, qui soutient que le CNT est composé d’acteurs majoritairement de la société civile.
“Pour moi la composition du CNT fait de lui un acteur qui peut être impartial et indépendant. La deuxième chose, le comportement du CNRD face aux acteurs de la transition met un accent particulier sur leur indépendance et leur impartialité. Vous voyez, le Président de la République ne fait injonction à aucune institution de la transition. Il ne se déplace même pas pour venir nous voir, ni nous convoquer. Il nous laisse travailler avec pour seul référentiel, le serment qu’on a prêté sur le coran, sur le livre de sa croyance, et notre volonté à mettre au-dessus de l’intérêt général de la Guinée. Je pense que quand nous prenons les 81 membres du CNT, il y a moins de partis politiques. D’ailleurs s’il y a moins de partis politiques cela veut dire, il y a moins d’intérêt partisans, il y a moins d’intérêt politiciens. Les actes qu’on posera, ce n’est pas pour faire plaisir à un parti politique, ni faire plaisir à une communauté, ni à un individu. Mais nous allons faire de telle sorte que nos actions soient conformes aux règles morales les plus élevées. Nous allons faire de telle sorte que nos décisions nous permettent demain de lever la tête et de marcher dans ce pays. En regardant chaque compétiteur dans les yeux en jouant le rôle d’un vrai arbitre. Donc je suis intraitable sur la question de notre équidistance. Et d’ailleurs pour vous dire que le CNT tient à son indépendance, nous avons mis dans le règlement intérieur qu’aucun membre ne doit exercer des activités partisanes. Cela, je pense que c’est le sens de l’impartialité”, estime t-il.
Évoquant le projet de la nouvelle constitution, il n’a pas voulu dire à quoi ressemblera celle-ci, mais contrairement à ceux qui disent qu’elle envisage des stratégies allant dans le sens de l’élimination de certains leaders politiques pour la course à la présidence de la République, Dansa Kourouma rassure.
“Mais ce qui est important, l’exclusion ne peut pas faire partie de notre agenda. Parce que c’est l’exclusion qui a amené les crises qui ont prévalu à la prise du pouvoir le 5 septembre 2021. Il faut rester impartial. Quand je parle d’impartialité, je parle de neutralité. Et cela sous-entend que l’une des valeurs essentielles du CNRD, c’est le Rassemblement. Alors le Comité National du Rassemblement pour le Développement, cela veut dire quoi? Rassemblement, cela veut dire mettre tous les guinéens aux mêmes pieds d’égalité, regrouper toutes les énergies possibles pour tirer le pays vers le développe ment. Donc je ne crois pas qu’on inscrit comme valeur le rassemblement dans le CNRD et on se fixe pour objectif de sélectionner. La sélection sera faite par le Peuple de Guinée, sur la base des règles qui seront voulues par le Peuple de Guinée. Et ces règles là quand nous allons les proposer, elles seront soumises à l’appréciation des guinéens. D’abord sous forme de débat qu’on tiendra dans tout le pays. Parce que quand on a été aux concertations, les guinéens nous ont dit quand vous allez proposer l’avant-projet de la constitution, venez nous la montrer pour qu’on puisse savoir si nos préoccupations sont dedans, avant de la soumettre au référendum”.
Tout de même après l’élaboration de l’avant-projet de cette constitution, le CNT entend organiser des consultations dans tout le pays, même dans les villages de la Guinée, pour montrer aux populations, les choix institutionnels qui vont être opérer au nom de la population, précise le président du Conseil national de la transition.
“Une fois que le texte est soumis au référendum et adapté, ce ne sera plus la constitution du CNT, mais celle du Peuple de Guinée. Et ce sont les règles qui sont établies dans cette constitution qui deviendront des règles pour le choix des futurs dirigeants de notre pays. Je précise que le CNT, le CNRD n’ont pas de candidats et n’auront pas de candidats. Parce que le président lui-même, n’est pas candidat et aucun acteur de la transition ne sera candidat. Cette mentalité nous donne la lucidité de faire les meilleurs choix possibles pour le pays, pour sa stabilité et sa résistance face aux différents conflits politiques qui l’ont empêché d’atteindre ses objectifs en matière de développement”, rassure M. Kourouma.