Depuis une dizaine de jours, les africains vivant en chine accusés de propager le Covid-19 sont l’objet des exactions. Certains ont été délogés et mis en quarantaine. Témoignage d’un étudiant guinéen vivant dans la ville de Guangzhou.
Arrivé en chine en octobre 2019, Ousmane Bah est étudiant dans la ville de Guangzhou située dans la province de Canton, la seule à avoir décidé de confiner les africains.
Dans son témoignage, Bah explique que tout a commencé, il y a une dizaine de jours, par «une fausse information relayée dans des médias locaux et largement partagée sur les réseaux sociaux chinois» faisant état des 5 nouveaux cas du Covid19 en provenance d’Afrique. La rumeur disait que 5 nigérians ont été testés positifs au Covid-19 et que l’un d’entre eux a agressé physiquement à tord une infirmière qui était en train de lui donner des soins (il y a eu des images qui montrent que c’est totalement faux ). Dès lors, on a commencé à ressentir un comportement ignominieux des chinois vis-à-vis des noirs que ça soit dans les métros, bus, restaurants ou encore les épiceries».
Délogés et mis en quarantaine
Le comble fut la décision des autorités de la ville de Guangzhou de confiner les africains sans avertir à l’avance leurs ambassades respectives.
«Certains noirs africains se sont vus délogés de leurs hôtels, appartements. Beaucoup d’entre eux ont passé des nuits dans les rues, en cette période de fraîcheur et pluies ont subi des agressions de la part de la police. Il y en a parmi les guinéens des gens qui ont été délogés de chez eux bien qu’ils aient de contrat de logement valable pour être envoyés par des ambulances comme des malades dans des hôtels qui pour la plupart d’entre eux demandent aux confinés de payer la facture de l’hébergement. Certains pères de famille ont été réveillés à 1h du matin pour se faire dépister une seconde fois et se sont vus annoncés être en confinement total pour 14 jours sans aucune préparation. Certains confinés dans les hôtels ont vécu des conditions inhumaines car par faute de moins, ils ne pouvaient pas se faire livrer à manger et les lieux d’hébergement et autorités locales n’en faisaient rien».
Selon notre témoin, il aura fallu la pression des certains pays africains pour que les autorités chinoises acceptent de lever partiellement le confinement.
«Pour ma part c’est ce jeudi 16 avril qu’ils ont enlevé la caméra et le papier qui se trouvait devant ma porte. Un peu plu tard ils sont venus me remettre un papier qui atteste que je ne suis plus en quarantaine. Par contre, ce n’est pas tout le monde qui a ce papier. Bon nombre de ceux qui ont été déconfinés en premier ne l’ont pas. Pour le moment, ils préfèrent donc rester chez eux».
Pis encore, déplore Bah, une guinéenne qui fait la même université que lui a été délogée sans que son contrat de logement n’ait expiré. «Quand elle a contactée la police pour régler ce différend, la police a dit qu’elle n’est pas habilitée à régler ce genre de problème, donc par le billet du président adjoint des ressortissants guinéens vivant à Guangzhou, son cas été remonté à l’immigration».
Ousmane Bah regrette également l’absence de représentants de l’ambassade de la Guinée en chine accrédités à Guangzhou qui, pourtant est la ville qui compte le plus de guinéens. «Les consuls des pays comme le Nigeria, le Ghana ont fait un énorme travail ici en venant en aide à leurs ressortissants et les autres noirs africains qui sont avec eux. Les associations des guinéens ont fait un travail énormissime en sensibilisant et en apportant leur soutien financier et moral à tous ceux-là qui sont dans la nécessité, on s’est serré les coudes avec le peu de moyens qu’on a».
Par ailleurs, Bah exhorte «l’Etat guinéen à demander aux autorités chinoises de traiter les guinéens de la même manière que les chinois sont traités chez nous, mieux encore, les autorités africaines doivent dans leur totalité demander aux département des affaires étrangères de la Chine de faire des annonces médiatiques expliquant à son peuple que tout acte de ségrégation à l’égard de qui que ce soit sera sévèrement puni par la justice».
Honte à l’ambassadeur Saramady Touré !
«Les déclarations de l’ambassadeur guinéen qui se trouve depuis le début de cette pandémie en Guinée sont plus honteuses. Alors que le groupe des ambassadeurs africains à Beijing dénonçait le traitement ignominieux que les autorités Cantonaises affligeaient aux noirs africains, il se permet d’affirmer de manière éhontée que ce sont les actes et pratiques des africains qui ont poussé les autorités chinoises à prendre ces décisions radicales à notre égard», s’indigne Bah.