“Corruption et environnement des affaires: impact, enjeux et perspectives”, était au centre d’une conférence de presse animée par le ministre en charge des Investissements et des partenariats publics-privés à l’occasion de la célébration de la journée internationale de lutte contre la corruption, ce lundi 9 décembre 2019.
«La corruption est encore persistante en Guinée», souligne le ministre Gabriel Curtis citant ainsi les résultats des rapports 2011 et 2017 de l’Agence nationale de lutte contre la corruption (ANLC) qui révèlent que le volume des pots de vin dans le pays avoisine en moyenne 600 milliards de francs guinéens chaque année. Et que des opérateurs économiques ont payé près de 500 milliards Gnf par an en paiement non officiel et 75% des entreprises affirment faire des cadeaux pour obtenir des contrats.
«Nous sommes tous conscients que la corruption est très nocive pour l’investissement, la croissance économique et est un facteur aggravant la pauvreté», affirme Curtis.
C’est pourquoi, insiste-t-il, au-delà de l’arsenal juridique et règlementaire qui vise à combattre la corruption, la transparence et la communication doivent permettre de prévenir et de lutter contre la corruption en faisant connaître au public les institutions en charge de la lutte contre le phénomène.
«Il est aussi important de changer la perception du phénomène de corruption dans nos sociétés afin qu’il soit plus âprement combattu par un changement de mentalités pour que les dividendes de l’intégrité soit partagée au sein de notre administration et de notre société. De même, les organismes d’évaluation de lutte contre la corruption doivent être informés des actions menées par les pouvoirs publics pour que leurs actions de lutte contre la corruption soient prises en compte dans leur appréciation».
Parmi les actions entreprises par le gouvernement guinéen pour lutter contre la corruption et promouvoir la bonne gouvernance, le ministre cite notamment, l’inscription de la lutte contre la corruption dans les lettres de mission de tous les membres de gouvernement et l’exigence de transparence dans tous les processus administratifs, l’adoption de la loi portant prévention, détection et répression de la corruption et les infractions assimilées et la mise sur pied d’un arsenal de contrôle impliquant plusieurs institutions républicaines et administratives à savoir la Cour des comptes, l’Inspection générale d’État, l’Inspection générale des finances, l’Autorité de régulation des marchés publics, l’Agence nationale de lutte contre la corruption, l’Agent judiciaire de l’État, le CENTIF pour lutter contre le blanchiment d’argent.
Selon le ministre, grâce à ces différentes actions, les indices de perception du pays présente une évolution positive dans le cadre de la lutte contre la corruption. D’après Transparency International, la Guinée progresse lentement en passant du 25e rang en 2015 au 28e rang en 2018. Au niveau de l’indice Moh Ibrahim de la Bonne gouvernance, 45e avec 36 points sur 53 États africains, à la 37e en 2018. Selon le classement Doing Business de la Banque mondiale, la Guinée est passée de la 179ème place en 2011 à la 156ème place pour 2020.
La corruption coûte au moins 2.000 milliards de dollars chaque année dans le monde entier, selon le FMI. Une étude de Transparency international publié en 2018, révèle également que l’Afrique reste en dernière position en termes de perception de la corruption avec une moyenne de 32 sur une échelle allant de 0 à 100.