«Les infections associées aux soins et la résistance antimicrobienne en Afrique subsaharienne dans le contexte One health» est le thème central du premier congrès de la Société guinéenne de pathologie infectieuse et tropicale (Soguipit) qui se tient du 10 au 11 octobre 2019 à Conakry.
Le président de la Soguipit explique que l’objectif de ce premier congrès est de rassembler, pour un partage des connaissances, des professionnels impliqués dans la détection, la documentation, la prévention et la lutte contre la résistance antimicrobienne et le traitement des patients qui en sont atteints.
«La résistance aux antimicrobiens constitue une menace de santé publique croissante car elle compromet l’efficacité de la prévention et du traitement des infections dues à des bactéries des parasites, des virus et des champignons. La résistance antimicrobienne est aussi une préoccupation en Afrique au sud du Sahara lorsqu’elle provoque des échecs thérapeutiques et oblige à définir de nouvelles solutions notamment pour l’infection à VIH et la tuberculose multi-résistante», explique Pr Mamadou Saliou Sow,
Il ressort qu’en Guinée, comme dans les autres pays d’Afrique, les cliniciens sont confrontés à la résistance aux antimicrobiens provoquant des échecs de traitement et favorisant le développement d’infections dans les lieux de soins. Selon les experts, les motifs de ces résistances sont souvent multifactoriels et leur prévention exige des mesures coordonnées entre les professionnels de santé humaine (médecins, microbiologistes, pharmaciens, épidémiologistes), santé animale et santé environnementale.
La résistance des microbes aux antibiotiques est un problème de santé publique d’actualité, affirme le ministre de la Santé. «Si on n’y prend pas garde rapidement, nous risquons de perdre des avantages que nous avons connus avec l’antibiothérapie. J’ai dit avec les journées de ce congrès, il y aura certainement des solutions qu’ils vont nous proposer. La santé humaine et animale est une et indivisible. Il faudrait que dans l’administration des antibiotiques qu’on observe des règles strictes, les doses, les délais et la rigueur d’application, sinon, au bout d’un certain temps, on aura plus d’antibiotiques. Parce que quand c’est mal appliqué, il y a la résistance qui apparait», prévient le ministre Dr Edouard Niankoye Lamah.
Le représentant de l’Oms en Guinée Alfred Kizerbo, encourage la Soguipit à contribuer à la génération des «évidences scientifiques» pour mieux orienter les décisions de santé publique en Guinée. «Il est important d’avoir une plateforme multisectorielle qui réunit tous les acteurs de la santé humaine, de la santé animale, mais aussi les autres secteurs de l’environnement, la Société civile et les communautés pour faire face à ces menaces qui peuvent venir de plusieurs horizons. Par exemple, la maladie à virus Ebola a réuni toutes les conditions de l’approche One health puisque c’est une maladie qui se transmet de l’animal à l’homme, mais qui est liée à l’environnement. Donc, il faut toutes ces connaissances, ces interventions mises ensemble, financées et que nos capacités de détecter, de nous préparer et de riposter à ces menaces, soient renforcées dans le cadre de la sécurité sanitaire mondiale».
Le ministre de l’Enseignement supérieur assure que l’Etat a pris des mesures pour faire face à la situation. «Vous savez que la crise liée à la maladie à virus Ebola a secoué le système sanitaire en ce qui concerne la prévention des maladies transmissibles. Aujourd’hui, au niveau de la recherche scientifique, nous avons des laboratoires de très haut niveau et bien équipé comme l’Institut de recherche en biologie appliquée de Guinée (Irbag), ancien Institut Pasteur, dont nous avons délocalisé une partie à Nzérékoré qui s’occupe des maladies infectieuses dans cette région. Au niveau de Conakry, nous avons l’Institut de virologie situé à Nongo où nous faisons actuellement les analyses. Nous avons aussi le laboratoire intermédiaire de l’Institut Pasteur que nous sommes en train de construire au sein de l’Université Gamal. Parallèlement, nous sommes en train de renforcer la formation dans ce domaine puisque le recrutement des étudiants à la faculté de médecine va recommencer cette année. Nous sommes en train d’équiper les laboratoires, notamment, en biologie et microbiologie», conclut-il.